Réminisences (Shal/Bren) Chap 1 à 16

Réminiscences







CHAPITRE 1







Dans les souterrains sombres et humides d'un vieux manoir, des hommes défilaient les uns après les autres, en treillis et armés jusqu'aux dents. Paradoxe presque irréel, la pièce où entraient les hommes n'avait rien à voir avec le reste de la bâtisse.
Entièrement informatisée, l'immense salle, sorte de QG, hostile et froide, n'offrait aux arrivants qu'une rangée de chaises en bois, méthodiquement alignées, une estrade, face à un immense écran et une ribambelle de moniteurs de contrôle. Ces mêmes moniteurs semblaient scruter chaque recoin de l'île où se trouvait l'étrange manoir.
Une cinquantaine de petits écrans couvraient chaque centimètre carré de terre. En amont de l'île, la forêt luxuriante et abondante donnait à cet archipel, un éclat magnifique, presque envoûtant. Cette île paraissait paradisiaque, si ce n'est que sur l'un des moniteurs de contrôle, la présence plus que surprenante de grands félins, parqués dans un enclos électrique.
Dans un silence quasi religieux, les hommes s'installèrent sur les chaises face à l'imposant écran. Une fois qu'ils furent tous en place, attentifs, un homme d'âge mur, entra par une porte contiguë à l'estrade qui surplombait, l'auditoire. Le teint buriné, la mine hostile, il arborait fièrement quelques médailles militaires épinglées à son costume sombre. Puis, un second homme en blouse blanche, plus trapu, la démarche mal assurée et beaucoup moins impressionnant fit également son entrée. Il vint se poster près du premier et ajusta ses lunettes d'une main tremblante.

- Premier homme toisant ses interlocuteurs : Chers amis, je m'appelle Trent Holgard ! Vous devez certainement vous demander pourquoi, je vous ai tous réunis en ces lieux ! Je vous ai tous personnellement choisis, car vous représentez l'élite des mercenaires de ce pays. Je connais les antécédents et les exploits de chacun d'entre vous, je sais que vous êtes sans pitié et que seul l'argent motive vos missions......

Un léger murmure s'éleva, bien que ne sachant la raison de leur présence sur cette île, l'enveloppe et la convocation qu'ils avaient tous reçus, avaient attisé leur curiosité.

- Holgard : Si vous vous décidez à rejoindre mon équipe, je vous assure que vous serez largement récompensés, de quoi vous mettre à l'abris pendant de nombreuses années...... Maintenant, si l'un d'entre vous, ne se sent pas prêt à se donner corps et âme à ma cause, qu'il le fasse savoir immédiatement !....

Le silence retomba subitement sur l'assemblée, tous les regards convergèrent vers Holgard, les hommes semblaient subjugués par la prestance et l'arrogance de leur nouveau leader. Son air menaçant et dédaigneux ne donnait pas envie d'essayer de lui tenir tête. Satisfait, Holgard retourna près de l'homme en blouse blanche qu'il présenta aux hommes, voués maintenant à sa cause, même si aucun d'entre eux ne connaissait encore la finalité de cette cause.

- Holgard : Voici le professeur Diensthal, imminent scientifique mais surtout grand adepte et partisan des méthodes de tortures infligées avec brio au temps de la suprématie nazie........

Diensthal trépignait sur place, heureux que l'on vante ses mérites et sa passion des techniques de tortures. Un rictus sadique vissé aux coins des lèvres, le mot torture faisait briller ses yeux vicieux.

- Holgard : Messieurs, voici l'objet de notre mission, de votre mission ! Dit-il en pointant l'index vers l'écran qui venait de s'illuminer laissant apparaître en grand le visage d'Adam Kane.
- Holgard : Cet homme est responsable du mal qui ronge notre monde !!! Ce scientifique à créer des monstres, des hybrides, des erreurs qui nuisent à notre race ! La race HUMAINE ! Il a modifié l'adn d'enfants, qu'il a couplé avec d'autres adns non humain. Il a conçu des erreurs de la nature ! Et ces monstres pullulent dans nos villes, ils envahissent nos vies, menacent nos enfants...............Il faut les éradiquer avant qu'ils réduisent à néant la race humaine et qu'ils prennent le pouvoir..... Capturer, torturer puis tuer ces monstres sont notre priorité.....

Holgard lança ensuite une séquence vidéo montrant Shalimar, Emma, Jesse et Brennan au combat pendant l'une de leurs missions. Des images prises à l'insu des nouveaux mutants, vidéo sur laquelle ils utilisaient leurs pouvoirs sans aucune restriction, laissant exploser tour à tour leur force respective et leur dextérité au combat.
Dans la salle, les commentaires allaient bon train, devant l’étrangeté des pouvoirs que les mutants possédaient. Un énorme brouhaha s’éleva, Holgard tapa du poing sur l’un des moniteurs pour ramener tout le monde au silence, sous l’impact du coup, le petit écran clignota plusieurs fois avant de s’éteindre.

- Holgard : Silence ! Beugla-t-il

Mais comme personne ne semblait réellement l’écouter, il fit signe à un des ses hommes de mains de s’avancer. Ce dernier, un dénommé Truts, fit quelques pas en direction de l’assemblée, retira son arme du holster et tira deux coups de semonce vers le plafond. Le silence retomba aussi sec.

- Holgard : Bon maintenant nous allons étudier vos cibles, trois en particuliers pour être précis, même si l’équipe de ce Kane comporte quatre membres actifs. Emma de Lauro (alors que l’image d’Emma apparaissait à l’écran)est une mutante psionique, capable de pénétrer et d’interagir sur les pensées des autres, donc nous ne nous en préoccuperons pas pour le moment, c’est certainement la plus dangereuse des quatre, mais isolée des autres elle ne devrait pas nous poser de problème. En tout cas pour le moment tant que Diensthal, n’a pas trouvé de solution pour stopper et contrecarrer ses pouvoirs, elle ne deviendra pas sujet d’étude.

Holgard, passa à l’image suivante, une photographie de Brennan en pleine action, arcs électriques aux creux des mains, puis une seconde ou il bondissait à l’aide de ses « fusées ».

- Holgard : Brennan Mulwray, est un mutant de catégorie, matériel électrique, il est doté de pouvoirs surprenants, il est capable de générer de l’électricité et de s’en servir comme d’une arme . C’est un ancien délinquant, un bandit, il est puissant, coriace et se laisse souvent débordé par ses émotions ce qui le rend vulnérable. Son point faible, l’eau, l’antipode de son pouvoir et c’est sur ce point là, que nous travaillerons pour mener nos expériences.

Les hommes paraissaient totalement absorbés par le récit de leur nouvel employeur, ils semblaient de plus en plus intéressés par leur nouvelle mission.

- Holgard : Voici Jesse Kilmartin, un mutant moléculaire, capable de se cuirasser et de se dématérialiser, et un atout non négligeable, un peu traverser la matière. Mais attention s’il se cuirasse, rien ne pourra atteindre son organisme, ni une balle, ni un quelconque produit, il faut le surprendre pour pourvoir le neutraliser.

Holgard s’arrêta un instant en voyant apparaître l’image de Shalimar sur l’écran, un sourire en coin, illumina son visage, il se racla la gorge.

- Holgard : Et voici, ma préférée, Shalimar Fox, une mutante extrêmement douée et d’une force incroyable, son adn a été modifié avec celui d’un félin, elle possède donc toutes les capacités et les atouts d’un félin….(il tourna la tête vers le petit moniteur qui veillait sur les félins de l’île) comme mes bébés ! ! ! Elle c’est ma priorité, je veux pouvoir effacer son côté humain et pousser à l’extrême la part félin qui est en elle. Elle est agile, d’une force incroyable, elle maîtrise le combat comme personne, ce sera certainement la plus dure à capturer. Ses points faibles, sa peur viscérale du feu et une tendance excessive à vouloir protéger ses amis, on se servira de ce point faible pour éviter toute fuite.
- Voilà messieurs, vous connaissez votre mission, capture-moi ces trois mutants en vie, c’est une condition sine qua none, je les veux en vie. Même s’ils ne le resteront pas longtemps. Diensthal se chargera de la partie tortures et expériences.


L’un des hommes du premier rang se leva, et regarda la photo de Shalimar en train de se battre, ricana bêtement et se tourna vers les autres.

- L’homme : Capturer deux mecs et une femme, même super jolie, je vois pas où est le problème, cette « petite chatte » sera matée sans le moindre soucis……..

Holgard s’approcha de Truts, ouvrit sa veste et dégaina l’arme de son homme de main. Il logea une balle à bout portant dans la tête de l’homme qui venait de prendre la parole. Ce dernier s’écroula dans un bruit sourd, sous les yeux surpris des autres. Holgard rengaina l’arme et toisa les sbires.

- Holgard : Règle d’or ici, NE JAMAIS SOUS ESTIMER ses ennemis ! Virez moi, ce gus de là ! Truts tu prends le nombre d’hommes qu’il te faut, les cartouches spéciales faites par Diensthal et tu me ramènes ces mutants ici ! Leur cellule les attend, ainsi qu’une longue et lente agonie.

Truts, désigna à la hâte, sept hommes, à qui il fit signe de le suivre, un à un ils enjambèrent le corps sans vie du pauvre type qui se vidait encore de son sang. Holgard, s’approcha du grand écran et posa ses deux mains à plat sur l’image de Shalimar. Puis il ferma les yeux comme s’il cherchait à s’imprégner de l’essence même de la féline. Et, sans aucune raison, il pivota sur lui, caressa le moniteur surveillant ses félins, et quitta la pièce en lançant à Diensthal.

- Holgard : Donnez à Truts suffisamment de produit super anesthésiant et n’oubliez pas de leur remettre également, les implants modifiés qui vous avez subtilisé à Génomex !

Diensthal répondit par un signe de tête, remonta ses lunettes sur son nez, se frotta les mains et contempla d’un air satisfait, l’image de la féline, un sourire pervers aux coins des lèvres.

CHAPITRE 2




Shalimar prit la tête de l’expédition, tous ses sens en alerte, elle humait, épiait et scrutait le moindre mouvement, le moindre changement susceptible d’annoncer un danger potentiel. A l’arrière, Brennan, Jesse et Emma, lui emboîtèrent le pas, rassurés par le professionnalisme de la féline, l’humeur était plutôt joviale. Jesse et Emma taquinaient Brennan, sur le fait qu’il se laissait mener par le bout du nez par Shalimar.

- Brennan : Franchement, je vois pas de quoi vous parlez !
- Jesse : Mais oui bien sur.
- Emma : Tu rougis Brennan attention….

Shalimar se retourna brusquement, et défia ses amis de son regard doré. Elle se dirigea vers eux, l’air menaçant.

- Shalimar : Vous ne pourriez pas être plus discret, que je puisse me concentrer un peu non ?
- Jesse : Pardon ! Mais ça commence à me taper sur les nerfs, cette mission, depuis quand Adam nous envoie en pleine jungle pour recueillir des nouveaux mutants ? C’est n’importe quoi…..
- Shalimar : Chut !

La féline se figea, alors qu’elle allait se mettre en position de combat, une fléchette anesthésiante l’atteignit en pleine carotide, elle sentit comme un léger picotement, puis fut prise de nausées et finalement un voile noir s’abattit sur elle. Elle s’écroula quasi instantanément, sans même pouvoir riposter. Les trois autres subirent le même sort et s’effondrèrent en un parfait accord, ne leur laissant aucune possibilité d’utiliser leurs pouvoirs.

- Truts : Ligotez-les solidement, surtout la blonde, bien que l’anesthésiant soit super puissant, il faut restez sur nos gardes ! Ils devraient dormir encore quelques heures, embarquez-les à bord du bateau, sauf l’autre fille, elle on la laisse sur place…………..

Les hommes de mains de Truts s’exécutèrent sans broncher, pour le moment tout semblait relativement facile, mais la moindre anicroche, le moindre soucis. Ils attachèrent, Brennan, Jesse et Shalimar et déposèrent par la même occasion un petit gouverneur subdermique sur chacun, gouverneur qu’ils avaient dérobé à Eckhart. Truts prit son téléphone portable et appela Holgard.

- Truts : C’est fait patron, on vous les ramène tout de suite ! Non, bien sur, la psionique reste sur place, mais de toutes façons le temps qu’elle reprenne connaissance on sera déjà bien loin depuis longtemps.

Chargés comme de vulgaires sacs, les trois mutants, furent jetés sans ménagement dans la cale du bateau, toutefois, et ce malgré l’anesthésiant, les hommes crurent bon de les enchaînés, au cas où. Ils suivaient à la lettre les consignés données par Holgard, de ne jamais sous estimer leurs ennemis et surtout Truts leur avait clairement fait comprendre, que s’ils venaient à échouer dans leur mission, le patron ne leur ferait aucun cadeau et qu’ils avaient de grandes chances de finir comme le pauvre regretté et malheureux ancien collègue, avec une balle dans la tête.





Diensthal se frottait les mains, il venait de mettre la dernière touche, à son chapelet de tortures qu’il réservait aux nouveaux mutants, il avait déployé des tonnes d’énergie et d’inventivité pour parvenir à ses fins et obtenir ainsi les meilleurs résultats. Il avait hâte de pouvoir commencer ses travaux sur des cobayes beaucoup plus résistants que les derniers nouveaux mutants que lui avait donné Holgard, qui n’avaient tenu en tout et pour tout que trois jours. Délai insuffisant à ses yeux pour pouvoir faire des vraies recherches dignes de ce nom. Mais les dernières trouvailles qu’il avait crée semblaient le réjouir fortement. Holgard entra dans le laboratoire de Diensthal, une étincelle de fierté brillait dans son regard.

- Diensthal : Ah monsieur, les ultimes réglages sont prêts, venez voir par vous même !

Diensthal pointa son index en direction d’un des écrans sur lequel apparaissait une sorte de cellule, une cage vide excepté au sol où était éparpillé de la paille.

- Diensthal : La cellule numéro 1, celle de la féline, les barreaux sont électrifiés, chaque recoin de la cage est sous surveillance, l’air de la pièce est contrôlée d’ici, aucune lumière naturelle. De là, nous allons faire ressortir ses plus bas instincts, de plus les petits cocktails de ma fabrication, nous aideront en ce sens, monsieur.
- Holgard : Parfait, par contre, êtes vous sûr, qu’à travers les barreaux électrifiés et la sonorisation spéciale de la pièce, leurs émetteurs pourront quand même transmettre ?
- Diensthal : Oui monsieur, mais à courte portée, uniquement pour que les trois mutants puissent dans un premier temps communiquer encore entre eux, comme vous nous l’avez demandé. Puis nous intensifierons l’écran pour brouiller par la suite totalement leurs transmissions.

Puis il montra à Holgard, les différentes ressources dont bénéficiaient les deux autres cellules, la numéro 2 celle de Brennan, qui était entourée d’un mur d’eau afin de dissuader le matériel électrique d’utiliser son pouvoir, plus deux ou trois autres gadgets destinés à le maintenir tranquille. Et enfin la cellule numéro 3, celle de Jesse, certainement la plus élaborée en terme de technologie, sous surveillance perpétuelle, pour contrôler le niveau d’oxygène, dès qu’il varierait pour une raison ou une autre, immédiatement, l’oxygène restant serait absorbé dans la seconde. Holgard avait demandé à ce que son équipe se consacre à une telle précision de technologie car c’était le seul moyen qu’il avait trouvé pour empêcher le moléculaire de tenter de s’échapper en se dématérialisant.

CHAPITRE 3





Cellule N°1


Sa tête tambourinait tellement qu’elle se demandait encore, comment elle avait pu, ne pas se réveiller avant à cause de la douleur. Lentement, Shalimar ouvrit les yeux, son corps tout entier, semblait se mouvoir au ralentit. Elle tenta de replier ses jambes sur elle, mais elle s’aperçut que sa cheville droite était enserrée d’une chaîne enclavée dans le sol de sa cellule. La féline, tira dessus fortement mais elle était bien attachée, et la seule chose qu’elle réussit à faire fut de se meurtrir les chairs. C’est alors qu’elle découvrit avec stupeur l’aménagement de sa cellule, qui ressemblait étrangement à une cage. Une gamelle d’eau à même le sol, et pour toute couche, de la paille éparpillée sur la terre battue. Elle tenta de se relever un peu, mais les quelques résidus de l’anesthésiant toujours en elle, la fit légèrement vaciller. Elle se rattrapa aux barreaux de la cage, et fut projetée en arrière sous l’effet de l’électrisation. Shalimar tomba lourdement sur le sol en maugréant. De rage, elle tira violemment sur la chaîne qui l’empêchait d’avoir sa liberté de mouvements. Elle se remit debout en titubant, légèrement sonnée, en voyant les quatre caméras et se traîna jusqu’à l’une d’elle. Elle leva son regard doré vers l’œil électronique en criant :

- Shalimar : Qui êtes vous ? Et que voulez vous ?………….



Cellule N°2


Volontairement Diensthal avait désactivé le gouverneur subdermique implanté sur Brennan, car il savait que la réaction première du matériel électrique serait de se servir de ses pouvoirs et il voulait tester l’efficacité de la barrière d’eau installée. Une main sur la nuque, Brennan tentait de remettre ses idées au clair, en se remémorant les événements passés, mais il avait quelques zones d’ombres, entre le moment où il avait sentit la fléchette entrer dans sa peau et son réveil, dans cette cellule étrange. Il se leva et se dirigea lentement vers le mur de sa geôle, il posa sa main contre la paroi, qui avait la consistance d’une membrane gélatineuse. Il se concentra, joignit ses mains, et envoya un arc électrique contre la paroi. Immédiatement l’éclair produit, se propagea sur toute la surface visqueuse et en bon conducteur, l’onde électrique ainsi formée reprit le sens inverse et traversa le corps de Brennan. Il se tordit de douleur et stoppa l’éclair avant de s’écouler secoué de spasmes.



Cellule N°3




La réaction de Jesse fut toute autre par rapport à ses deux coéquipier, après avoir brièvement inspecté d’un coup d’œil sa cellule, il porta immédiatement son anneau à sa bouche. Pour essayer de contacter ses amis.

- Jesse : Shal ? Brennan ? Emma ?……..Vous m’entendez ?……….Quelqu’un m’entends ?……..Qu’est ce qui c’est passé ?…..
- Shalimar : Jesse ? Où es tu ?
- Jesse : Pas la moindre idée ! Dans une cellule étrange, et toi ?
- Shalimar : Idem dans une cage. Brennan ? Brennan tu m’entends ?
- Brennan : Ouais je vous entends ! Pareil pour moi, et en plus je viens de me prendre une sacrée décharge.
- Jesse soudain inquiet : Emma ?……Emma ! Réponds Emma….. Mais c’est quoi ce délire ? Ou sommes nous ?


Soudain une voix terne et cassante, retentit dans les trois cellules.

- Holgard : Bienvenus dans mon antre ! Vous êtes mes prisonniers ! Nous allons passer ensembles d’excellents moments (un rire guttural emplit les hauts parleurs) enfin surtout moi ! Mes amis et moi, allons réparer les erreurs que vous êtes, les monstres qu’Adam Kane a fabriqué. Bienvenus en enfer !……..

CHAPITRE 4





La tête lourde, Emma refit surface difficilement, elle se sentait brumeuse, elle avait l’impression que sa boîte crânienne allait exploser. Elle se redressa avec difficultés, ses muscles avaient du mal à lui obéir. La psionique fit une brève inspection des lieux, et la raison de sa présence dans cette jungle hostile lui revint en mémoire. Soudain, elle réalisa qu’elle était toute seule. Son rythme cardiaque s’accéléra, malgré la douleur lancinante à l’intérieur de sa tête, elle jeta des regards affolés à droite et à gauche, cherchant la trace de ses amis, un indice pouvant l’aider quant à l’interprétation de ce qui venait de se passer. Après s’être massée les tempes afin d’alléger ses souffrances, en vain, elle porta son anneau à sa bouche.

- Emma : Adam ?……..
- Adam : Emma ? ! ? Mais bon Dieu qu’est ce qui se passe, ça fait des heures que j’essaie de vous contacter ! Que vous est-il arrivé ? ?
- Emma encore un peu sonnée : Vous ? Pas la moindre idée, je suis seule……Aucune trace des autres……Je pensais qu’ils étaient rentrés au sanctuaire, même si je comprends pas bien pourquoi moi je suis toujours ici…..
- Adam : Mais de quoi tu parles Emma ? Expliques toi !

Emma éloigna l’anneau de son visage, chaque phrase d’Adam résonnait en elle, en écho. Elle soupira, tout en s’adossant à un arbre. La tête commençait à lui tourner dangereusement.

- Emma : Ne cries pas comme ça Adam, c’est assez douloureux……Où sont Shal, Jesse et Brennan ?
- Adam : A toi de me le dire Emma, tu étais avec eux !
- Emma dans un souffle : Je n’en ai aucune idée.
- Adam : Bon, est ce que tu te sens capable de ramener l’hélix toute seule au sanctuaire ou pas, je veux d’examiner rapidement, ensuite, nous aviserons pour les autres.
- Emma : Je crois oui……





Dans la salle de contrôle, Diensthal et Holgard, épiaient les moindres réactions de leurs prisonniers, le scientifique tapait fébrilement les touches de son clavier, faisant s’afficher une multitude d’informations et de paramètres concernant chaque cellule.

- Holgard : Tant qu’ils sont en communication, faisons un essai, pour voir leur réactivité. Montez au maximum les ultras sons dans la cellule numéro 1, et attendons de voir comment ils vont réagir…..

Diensthal, se retourna, vers son chef, un sourire sadique vissé aux lèvres, ses yeux étincelaient, il jubilait.

- Diensthal : Excellente idée ! Dit-il en dirigeant sa main, vers le bouton du volume.



Cellule 1


Shalimar tournait nerveusement en rond, de rage elle shoota dans sa gamelle d’eau posée au sol, cette dernière s’écrasa contre les barreaux électrifiés, déclenchant des étincelles de toutes parts. Ses mouvements étaient limités et sa chaîne beaucoup trop courte pour pouvoir tenter quoi que ce soit.

- Shalimar : Les gars, faut à tout prix qu’on sorte de là….. Pourquoi Emma ne répond pas ?….Votre cellule ressemble à quoi ? Est ce que vous avez aussi des caméras braquées sur vous ?

Soudain un bruit assourdissant, effroyable, lui déchira les tympans, immédiatement elle plaqua ses deux mains contre ses oreilles, cherchant à neutraliser cette agression plus que douloureuse.

- Shalimar : Ahhhhhhhhhhhhhhh…………………………….

Puis la douleur, lui coupa le souffle, elle avait l’impression que sa tête allait exploser, elle tomba à genoux, un rictus abominable se figea sur son visage. Le son horrible parcourrait tout son corps, comme un acide. Elle tenta de se relever, mais les acouphènes violents qui la rongeait, lui firent perdre l’équilibre, puissants, intenses, insoutenables, rendus encore plus virulents à cause de son ouïe exceptionnelle de félin, lui ôtèrent tous contacts avec la réalité, elle ne ressentait plus que cette épouvantable souffrance lancinante, irradiante. A bout de forces, la féline perdit connaissance et s’écroula sur le sol. Un léger filet de sang s’échappait de ses oreilles.



Cellule 2 (au même moment)


- Shalimar : ………vous avez aussi des caméras braquées sur vous ?….Ahhhhhhhhhhhhhhhh…………….
- Brennan : Oui également !….. Shal ? ? ? ? Shalimar qu’est ce qui se passe ? ……Shal réponds ! ! ! !

Le cri presque inhumain de Shalimar l’envahit de part en part. Son sang se figea, Shalimar était en danger, il l’entendait souffrir mais ne pouvait pas voir ce qui se passait et lui venir en aide. Sans réfléchir, il se précipita sur la paroi membraneuse, y frappa de toutes ses forces sans aucun résultat. Puis se concentra puissamment et envoya un arc électrique, qui tout comme la première fois, lui revint dessus. L’arc électrique intense produit, traversa le corps du matériel électrique, l’expulsant sur le sol quelques mètres plus loin. Son corps entier était secoué de spasmes violents, ses muscles tressaillirent de longues secondes avant de s’immobiliser. Lui aussi avait perdu connaissance sous l’impact et la puissance du choc.



Cellule 3 (au même moment)


Jesse blêmit en entendant le cri atroce de Shalimar, il avait l’impression qu’il résonnait en écho dans sa cellule. Son rythme cardiaque s’accéléra, sa respiration se fit haletante, il souffrait de l’entendre souffrir.

- Jesse : Shal ! Qu’est ce qui t’arrives ?…..Shal ? ! !…..Brennan ? Qu’est ce qui se passe ? ?…..

N’obtenant plus aucune réponse de ses amis, et presque tétanisé en imaginant le pire, après quelques secondes d’hésitation où il tenta de reprendre ses esprits. Il se dirigea vers la paroi de sa cellule, bien décidé à la traverser et à rejoindre ses équipiers. Mais au moment où il se concentrait pour pouvoir se dématérialiser, il eut la sensation presque immédiate de suffoquer. Il s’arrêta un moment en fronçant les sourcils, puis recommença.
L’air de la cellule fut tout de suite absorbé par les ventilations , Jesse hyperventila cherchant à attraper un maximum d’air qui se raréfiait dangereusement jusqu'à ne plus exister. En hypoxie, il tomba au sol inanimé.




Diensthal et Holgard contemplaient fiers d’eux, les résultats obtenus, ils prenaient un malin plaisir à les torturer. Diensthal, réactiva l’apport d’oxygène dans la cellule de Jesse, arrêta les ultras sons dans celle de Shalimar et intensifia, le conducteur électrique placé dans la membrane de la cellule de Brennan.

- Holgard : Prodigieux ! Magnifique travail mon vieux. Je crois que je vais prendre un réel plaisir à mettre en commun, nos compétences. La prochaine expérience, se basera sur Mulwray, j’aimerai tester ses résistances.

Holgard posa son index sur l’écran qui surveillait la cellule de Shalimar, dessinant de son doigt les contours de la silhouette de la féline étendue au sol.

- Holgard : Ma tigresse, je lui réserve bien d’autres surprises….

CHAPITRE 5






Adam attendait dans le hangar en faisant les cent pas, il s’inquiétait énormément pour Emma, en fait il s’angoissait pour tous les membres de son équipe, mais pour le moment la seule pour qui, il pouvait faire quelque chose était Emma.
La psionique descendit de l’hélix en titubant presque, la douleur lancinante dans sa tête, ne lui avait pas permis de retrouver encore tous ses esprits.
Adam lui saisit le bras, la pâleur de sa petite protégée, augmenta encore plus son inquiétude. Sans un mot, ils se dirigèrent vers le laboratoire.



Cellule N°1



Lentement la féline, ouvrit les yeux, un bourdonnement intense l’empêchait d’entendre correctement tout ce qui l’entourait, comme si elle était dans une sorte de boîte insonorisée, ouatée. Chaque bruit lui paraissait très lointain et presque inaudible, et si elle essayait de se concentrer dessus, les douleurs à l’intérieur de son crâne se réveillaient jusqu’à faire de sa tête une immense caisse de résonance, assourdissante, meurtrissante, affaiblissante. Péniblement, elle se releva, mais ses jambes avaient du mal à la porter, la douleur de ses tympans déchirés, lui faisait perdre tous ses moyens. Elle ne savait pas combien de temps elle était restée inconsciente, et la lumière artificielle et blafarde l’empêchait d’avoir des repères spatiaux –temporaires. Sa souffrance intracrânienne lui paralysait ses sens et ses facultés multipliées par son ADN félin semblaient maintenant n’avoir plus aucune interaction avec ses capacités innées. Elle sentait subitement terriblement humaine et fragile.




Cellule N°2



Toujours étendu au sol, le torse de Brennan se soulevait à intervalles réguliers, sa respiration semblait avoir reprit un rythme normal. Alors que le matériel électrique était toujours semi inconscient, deux hommes armés pénétrèrent dans sa cellule, suivit de Diensthal et Holgard. Les deux gardes empoignèrent Brennan le traînèrent hors de la cellule. Dans un recoin de la pièce, trônait, un genre de siège médical, les sbires ligotèrent le mutant dessus à l’aide de sangles énormes. Puis ils lui arrachèrent son tee-shirt et déposèrent sur son torse nu, une dizaine de petites électrodes reliées à une grosse batterie, elle même rattachée à un ordinateur, devant lequel Diensthal s’affairait. Après lui avoir sanglé fermement les mains et les pieds, les deux hommes de main d’Holgard s’éloignèrent de quelques pas.


Diensthal, s’approcha de Brennan et posa deux autres électrodes beaucoup plus grosses que les premières, sur ses tempes, au contact froid des ventouses enduites de graisse conductrice, le matériel électrique, retrouva ses esprits. Il cligna plusieurs fois des yeux, avant de se rendre compte qu’il ne pouvait pas bouger. Il foudroya du regard ses tortionnaires et tenta en vain de se dégager des ses liens.


- Brennan : Détachez-moi immédiatement ou…….
- Holgard : Ou quoi monsieur Mulwray ? ? ? Vous allez faire quoi ?…..Laissez moi vous rappeler la situation……Je suis en pleine possession de mes moyens, une armée d’hommes dévoués à ma cause et prêts à agir sur un simple ordre, je domine la situation et vous……………et bien vous…….vous êtes là, sanglé à un fauteuil, des électrodes partout, vos pouvoirs bridés, affaiblit……dites moi, monsieur Mulwray, ai-je omis quelque chose dans la description ?…..
- Brennan : Détaches-moi et tu verras quelle description je vais te faire moi ! ! !


Holgard fit un signe de tête en direction de Diensthal, qui s’empressa de mettre en route sa machine infernale. Les picotements d’abord légers traversèrent la peau nue du matériel électrique déclenchant de petites décharges désagréables mais pas douloureuses, puis à mesure que Diensthal augmentait la puissance, les picotements se firent brûlures de plus en plus intenses. Brennan serrait les dents, mais ne laissa sortir aucun son. Il ne voulait pas donner satisfaction à son bourreau. Il avait la sensation que les éclairs qu’il avait la capacité de produire étaient en train de se propager en lui, déchirant et brûlant ses entrailles. Il pouvait presque sentir, le parcours de l’électricité à travers chaque cellule de son être.
Quand l’aiguille atteignit la zone rouge du cadran, le corps de Brennan fut prit de convulsions, il ferma les yeux, pour se concentrer sur autre chose que sa douleur foudroyante. Il se focalisa sur l’image de Shalimar, une Shalimar souriante, attendrissante, mais petit à petit, cette image rassurante s’estompa, la douleur reprenait systématiquement le dessus. Il ouvrit la bouche pour hurler, mais paralysé par la douleur aucun son ne sortit. Ses yeux se révulsèrent, sa tête dodelina brièvement, puis son menton retomba lourdement sur son cou. De petites étincelles crépitaient au bout de ses doigts, causées par des résidus électriques occasionnés par la surcharge de voltages. La rencontre entre les deux charges électriques avait provoqué une surtension dans le corps de Brennan, jusqu'au black out.


D’un geste de la main vers Diensthal, Holgard lui intima l’ordre d’arrêter, il dévisagea Brennan, un léger rictus dédaigneux figé aux lèvres. Il asséna un coup de pied dans les tibias du matériel électrique pour s’assurer qu’il était bien sans connaissance. Le scientifique s’avança à son tour vers le corps inerte de Brennan, lui retira les deux électrodes temporales, et souleva la paupière droite du mutant, pour contrôler la réactivité de la pupille.
Holgard se tourna vers ses hommes toujours en retrait et leur lança :

- Holgard : Réveillez le un seau d’eau froide devrait suffire ! Nous recommencerons dans une heure, en ajoutant deux trois expériences de plus…….

CHAPITRE 6






Allongée sur le fauteuil d’auscultation, les bras et jambes croisées Emma attendait patiemment qu’Adam lui donne enfin les résultats de ses analyses. Elle essayait tant bien que mal de se remémorer ce qui avait pu se passer dans la jungle. Elle se revoyait discutant tranquillement avec Jesse et Brennan, puis la mise en garde de Shalimar et enfin, le noir complet. Les résidus d’anesthésiant, l’empêchaient encore de se concentrer correctement. Adam revint vers elle, l’air songeur.

- Adam : Tu dis que tu ne te souviens de rien ?
- Emma : De pas grand chose en tout cas……. C ‘est étrange d’ailleurs, parce qu’habituellement, j’arrive assez bien à….
- Adam lui posant la main sur l’épaule : Non c’est normal, Emma, la dose d’anesthésiant encore présente dans ton sang est impressionnante, alors que plusieurs heures se sont écoulées depuis ton réveil. La chimie de ce produit est plus que surprenante, c’est un mélange inhabituel auquel je n’aurai jamais pensé…..

Emma tenta de se releva, mais la tête lui tournait encore, résignée elle se laissa retomber sur le fauteuil. Elle se sentait vraiment mal, d’une part de ne toujours pas être en possession de ses moyens mais surtout d’avoir « perdu » ses amis aussi bêtement, elle n’avait pas le moindre souvenir de ce qui s’était passé.

- Adam : Dis, te sens tu capable d’essayer d’établir une connexion avec Shal, Brennan ou Jesse ?
- Emma soupirant : Je n’en ai pas la force Adam, je suis désolée…….
- Adam : C’est rien, reposes toi, tu tenteras plus tard.







Cellule 1





Shalimar tournait en rond dans sa cage, son instinct lui indiquait que quelque chose n’allait pas, qu’un danger était présent, pourtant dans sa cellule, rien de particuliers ne s’était produit depuis les ultra sons. Elle pressentait un danger mais elle n’arrivait pas à savoir quoi et surtout qui en était la cible. Mais cette sensation qui lui déchirait les entrailles ne l’avait jamais trompé, quelqu’un de très proche était en danger. Sans cesse, elle essayait de contacter ses coéquipiers sur son transmetteur mais sans le moindre résultat. Son angoisse allait en grandissant à mesure que ses tentatives de connexion restaient vaines. Soudain elle se retrouva dans le noir complet, seul les lumières rouges indiquant que les caméras fonctionnaient luisaient dans la pénombre.





Cellule 3


Jesse comprit rapidement que sa tentative de dématérialisation et son malaise avaient un rapport avec son étrange cellule. Il se releva encore quelque peu, sonné par sa perte de connaissance liée au manque d’oxygène, et arpenta sa cellule, cherchant à en comprendre le fonctionnement. Même si l’informatique était son domaine de prédilection, il devait bien le reconnaître, la conception de cette cellule était géniale, un vrai travail de professionnel, et c’est qui attisa un peu plus son stress. Alors qu’il tentait de comprendre pourquoi il était ainsi retenu contre son gré, trois brutes firent irruption accompagnés de Diensthal. Jesse recula de quelques pas en voyant les trois hommes s’avancer vers lui, teaser à la main.

- Jesse : Eh les gars tout doux ! On peut discuter non ? Qu’est ce que….

Mais l’un des hommes lui envoya une décharge qui le fit s’écrouler à terre avant qu’il ne finisse sa phrase. Tordus de douleurs, le moléculaire essayait de rassembler ses idées, mais sans qu’il puisse faire quoi que ce soit, les deux autres hommes l’avaient déjà empoigné, et plaqué au sol sans ménagement.
Diensthal s’approcha de lui, un sourire machiavélique aux lèvres, un scalpel à la main.

- Diensthal : Alors monsieur Kilmartin, votre cellule vous convient-elle, mes petites attentions à votre égard, sont elles à la hauteur de vos espérances ?
- Jesse : Mais qui êtes vous et que voulez vous ? Où sont mes amis …..

Jesse se débattait mais il ne faisait pas le poids, face aux deux gorilles, le regard inquiétant du scientifique et surtout le scalpel qu’il tenait dans ses mains, le fit frissonner. Il se concentra pour se cuirasser mais Diensthal l’arrêta dans son élan

- Diensthal : Erreur jeune homme ! Le résultat sera le même que pour votre dématérialisation, l’hypoxie et trop répétée vous savez ce que cela entraine non ? ? Maintenez le fermement messieurs, j’ai besoin de prélever un morceau de peau pour l’analyser.

Une lueur d’effroi passa dans le regard de Jesse, cet homme non seulement était inquiétant mais en plus il semblait ressentir un certain plaisir à le torturer. Jesse tenta d’échapper à l’emprise de ses assaillants en vain, plus il s’agitait et plus les hommes se faisaient pesants en resserrant leurs étreintes.

- Diensthal : Vous ne voyez aucun inconvénient à ce que je procède au prélèvement sans anesthésiant ? Lacha-t-il en éclatant de rire.

Joignant le geste à la parole, Diensthal enfonça le scalpel, dans les chairs du moléculaire. Plus la lame acérée pénétrait le derme puis l’épiderme et plus Jesse grimaçait de douleur, Diensthal dessina un carré sur la peau du jeune homme, immédiatement le bras de Jesse se couvrit de sang, il laissa échapper un long hurlement.






Cellule 2



L’eau reçue en plein visage, ramena Brennan tout de suite à la réalité. Il était toujours sanglé à ce fauteuil d’infortune, son corps lui donnait l’impression d’être une meurtrissure béante. Les résidus électriques encore en lui, brûlaient progressivement ses chairs, ce qui produisait des tremblements frénétiques et incontrôlés au niveau de ses membres.

- Holgard : Bon retour parmi nous monsieur Mulwray ! Vous êtes très résistant, je suis impressionné ! Voyons voir maintenant, la suite des réjouissances…….. Intensifions le tout, dites moi, Mulwray, combien de temps pensez-vous pouvoir résister ce coup ci ? ? Et si nous combinions, l’eau et l’électricité …..

Le regard de Holgard étincelait, il savourait à l’avance les sévices qu’il allait pouvoir infliger à son prisonnier. Il jubilait, il voulait des tortures à la hauteur de son mépris et sa haine envers les mutants, ceux qu’il considérait comme des erreurs de la nature, des monstres, une « race » à éradiquer.
Holgard demanda à un des hommes de tenir le tuyau d’arrosage au dessus de Brennan, et lui replaça les électrodes sur le corps du matériel électrique……

CHAPITRE 7




Cellule 2




Brennan accueillit d’abord l’eau sur son corps, comme une aubaine, une douceur salvatrice. Cette eau lui donnait l’impression de calmer le feu qui le rongeait intérieurement. Holgard s’éloigna de quelques pas, avant de remettre la machine en marche. L’eau répandue sur le sol, risquait s’il ne prenait pas garde, de l’électriser lui aussi.

- Holgard : Prêt monsieur Mulwray ? Nouvel essai ?

Brennan lui lança un regard noir, il se sentait impuissant et détestait plus que tout, ce sentiment d’infériorité qu’exacerbait son tortionnaire sur lui.

- Holgard : N’ayez crainte, ce sera très douloureux voire insupportable, mais cela ne vous tuera pas, tout au moins pas pour le moment…….je vais faire durer le plaisir au maximum……


A la première décharge électrique, l’homme de main d’Holgard, recula surpris par l’intensité de l’onde électrique, lui n’avait pas eu la précaution de reculer comme l’avait fait son patron, si bien qu’il reçut la décharge en même temps que Brennan, il lâcha le tuyau d’arrosage qui tomba à terre, et l’eau se répandit le long de la console informatique avant de s’infiltrer à l’intérieur et de noyer les circuits. La console crépita longuement avant de s’éteindre complètement.

- Holgard : Crétin ! Tu pouvais pas faire attention non ? Maintenant l’expérience est ratée !

Le regard foudroyant d’Holgard fit renoncer le garde à toute tentative d’excuse. Il baissa les yeux, à ce moment précis il ne savait pas si c’était la douleur qui parcourrait son corps à cause de l’électricité ou ce qu’il avait vu dans le regard de Holgard qui lui faisait le plus mal.

- Holgard d’un ton toujours aussi effrayant : Occupes toi de lui, remets le dans sa cellule. Et je t’attends dans mon bureau, alors ne t’avises surtout pas de me faire attendre…..

Brennan avait suivit la scène sans trop vraiment comprendre ce qui se passait, il s’était préparé à recevoir une nouvelle décharge toute aussi dévastatrice et insoutenable. Il se sentait vidé, épuisé, incapable de réagir, si bien qu’il se laissa menotter sans offrir la moindre résistance. Le garde le jeta sans ménagement dans le fond de sa cellule, et prit la direction du bureau d’Holgard, même si ce qui l’attendait là-bas lui faisait très peur.





Dans son laboratoire, Diensthal avait le nez plongé dans son microscope, absorbé il n’avait pas entendu Holgard entré et se poster derrière lui. Diensthal marmonnait tout seul.

- Diensthal : Prodigieux ! Sa structure moléculaire est fantastique, bien meilleure que celle de la dernière fois….c’est magnifique ! La régénération est spectaculaire….incroyablement époustouflant….

Le scientifique sursauta et laissa tomber ses lunettes en entendant la voix rocailleuse de son patron.

- Holgard : Dites moi que vous avez de bonnes nouvelles vous au moins ! Au fait, votre générateur électrique dans la cellule n°2 est hors service.
- Diensthal : Quoi ? Comment est-ce possible ? Il était programmé pour parer à toute surtension.

Holgard éclata de rire, un rire nerveux, tétanisant qui intrigua Diensthal.

- Holgard : Un des mercenaires, a noyé la console, cet abruti à diriger le jet d’eau droit sur l’ordinateur et à tout fait griller. J’ai même pas pu tenter une seconde expérience avec le matériel électrique. Il ne perd rien pour attendre.

Le scientifique préféra ne pas demander à qui ce « il » se rapportait, il savait parfaitement de quoi était capable Holgard, il était sans pitié, sans compassion. Il détourna les yeux, et se replongea dans l’analyse du lambeau de peau de Jesse.

- Diensthal : Le cobaye de la cellule 3, a des capacités étonnantes, je n’avais jamais vu ça auparavant….. Venez voir, a quelle allure, ses cellules se métamorphosent, c’est carrément du délire….
- Holgard soudain presque hystérique : Mais peu importe comment réagissent les cellules de ce mutant ! Je suis obligé maintenant de faire une pause, dans mes expériences ! Et tout ça par la faute d’un abruti ! Bon je vais me calmer, je vais faire un tour, et voir comment vont mes bébés. Je veux un isolement total pour les trois mutants, pendant deux jours entiers, sans nourriture et sans lumière ! C’est compris ?

Diensthal, opina du chef tout en prenant quelques notes sur un bout de papier. L’obsession de son patron, le laissait de marbre bien trop occupé par les découvertes qu’il était en train de faire. Les tortures étaient l’une de ses passions mais les bénéfices qui en découlaient pour ses recherches le motivaient encore plus.



Cellule n°3



A bout de force et complément épuisé, recroquevillé à même le sol, la main droite plaquée sur sa blessure sanguinolente, Jesse respirait difficilement, la douleur l’accaparait, l’empêchant de réfléchir et de tenter de comprendre ce qui c’était passé. Soudain il eut l’impression étrange que la teneur de l’air de la cellule était en train de se modifier, il essaya de se relever, mais retomba lourdement, le gaz soporifique qui avait emplit la pièce, le plongea dans un sommeil artificiel.





Le même gaz envahit la cellule de Brennan, et lui aussi s’endormit presque sur le champs déjà groggy par la séance de tortures infligée par Holgard, et presque instantanément toutes les lumières des cellules s’éteignirent. Et les deux mutants se retrouvèrent dans le noir complet tout comme leur coéquipière. Pourtant dans la cellule de Shalimar aucun gaz n’avait été envoyé, seuls le noir et le silence entouraient la féline.





Au sanctuaire, le sommeil d’Emma était plus qu’agité, elle gesticulait dans tous les sens en laissant échapper de petits sons stridents. Adam qui passait devant sa chambre pour s’assurer qu’elle allait bien, se précipita sur elle, pour la réveiller et la calmer.

- Adam : Emma ! Emma réveilles toi, tu fais un cauchemar…. Emma …..

Adam caressait tendrement les cheveux de sa protégée, tentant de l’apaiser, il évita de justesse le bras gauche de la psionique avant que ce dernier s’abatte violemment sur le matelas dans un bruit sourd.
Soudain, Emma ouvrit les yeux, mais son regard était vide, transparent, froid, effrayant fixant un point imaginaire sur le plafond. Adam posa doucement sa main sur le visage presque glacial de la jeune femme, il paraissait soucieux de sa réaction. Et d’un coup, sans raison et sans un mot, Emma s’asseyit brusquement sur le lit. Sa respiration était rapide et saccadée, elle murmura dans un souffle.

- Emma : Il fait noir………très noir……..Elle a peur………

CHAPITRE 8









Puis sortant de sa torpeur, Emma, en sueurs, dévisagea Adam, se demandant ce qu’il fait dans sa chambre au beau milieu de la nuit.

- Emma : Adam ? Qu’est ce qui se passe ? Que fais-tu la ?
- Adam un peu décontenancé : Tu faisais un cauchemar, apparemment, comment dire….agité….
- Emma : Un cauchemar ? Etrange je me souviens de rien !
- Adam : Tu as parlé de noir…..de peur….. Dis moi Emma de qui parlais tu ?

Emma se leva, et se dirigea vers la glace, elle se sentait poisseuse et nauséeuse, elle ne comprenait pas de quoi Adam lui parlait. Les seuls souvenirs qu’elle avait de tout ça, était de s’être réveillée et de trouver le scientifique assit à ses côtés.

- Emma : Je ne sais pas Adam. Je ne me souviens même pas de mettre endormie, et puis (dit elle en soupirant) les cauchemars sont mon lot quotidien, tu sais avec mes pouvoirs, parfois, enfin souvent, mon cerveau fait de drôles de mélanges entre mes visions et mon inconscient….mais généralement je me souviens au moins de la trame de mes cauchemars et la…..étrangement rien…..

Puis sans un regard vers Adam, elle entra dans la salle de bain, laissant son mentor perplexe de la réaction de sa protégée, peut etre que finalement, n’avait pas aussi bien récupérée qu’elle le disait.

- Adam pour lui même : Il faut que je lui fasse d’autres analyses, ce n’est pas normal…..




Entouré de deux gardes, Holgard, entra dans l’enclos des fauves, il savait pertinemment que c’était dangereux de se promener à l’intérieur de l’enclos des félins, mais c’était plus fort que lui, en leur présence il sentait son sentiment de supériorité s’accroître. Il s’approcha lentement d’un tigre qui s’était allongé au pied d’un arbre, il le fixait droit dans les yeux, soutenant le regard doré et menaçant du félin. La bête était somptueusement magnifique, son pelage luisait au soleil, faisant ressortir la puissance de son imposante musculature. Les deux hommes qui accompagnaient tenaient en jout l’animal avec leur fusil anesthésiant. Ils ne comprenaient pas l’attitude de leur chef, ils trouvaient que cette mise en danger intentionnelle était totalement inutile et parfaitement puérile. Mais les ordres étaient d’obéir sans broncher et c’était ce qu’ils faisaient sans trop se poser de question de peur des représailles. Holgard attrapa dans la besace d’un des hommes, un poulet qu’il jeta en pâture au fauve, qui bondit en voyant le volatil apeuré s’enfuir au loin. En deux foulées impressionnantes, la bête rattrapa le pauvre poulet, joua quelques instants avec, lui donnant des coups de pattes, qui lacéraient la peau fine du gallinacé et son plumage initialement blanc immaculé devint très vite rouge vif. Vite lassé par cette proie trop facile, le tigre acheva le poulet d’un coup de mâchoire, le bruit des os broyés par les crocs acérés du fauve, raisonnèrent, ce qui fit sourire Holgard.

- Holgard dans un souffle admiratif : Prodigieusement génial…… Quelle beauté ! Magnifique spectacle !

Mais alors que les autres félins s’approchaient dangereusement du premier attirés par l’odeur du sang et la nourriture, Holgard préféra battre en retraite et finir de les observer, derrière les grillages électriques.




Cellule n°1



Shalimar, commençait à sentir le froid s’infiltrer en elle, provoquant quelques contractures de certains muscles, la ventilo envoyait en rafale un vent glacial. Ajouté au noir de la pièce, la féline, se sentait de moins en moins rassurée et pour la première fois depuis bien longtemps, à vrai dire depuis le jour où Adam l’avait trouvé dans ce motel minable avant de prendre soin d’elle. Elle sentait petit à petit la peur s’insinuer en elle, une peur plus douloureuse et dévastatrice que celle qu’elle avait du feu, parce que celle la, elle ne savait pas d’où elle venait et ce qui la provoquait. Elle se sentait vulnérable. Instinctivement elle se recroquevilla un peu plus sur elle, cherchant à emmagasiner de la chaleur mais surtout pour retrouver la position fœtale qui la rassurait un peu.

Soudain, dans un grand fracas, la porte blindée s’ouvrit laissant passer un peu de lumière, surprise, Shalimar sursauta, et maugréa. Elle détesta se faire surprendre, elle se comprenait pas pourquoi ses sens n’étaient plus aussi affûtés, pourtant elle savait que le noir et le froid, l’obligeaient à focaliser son attention sur autre chose que ce qui l’entourait d’où une perte momentanée de la précision de ses sens.
Un homme s’approcha, il tenait à la main, quelque chose de rouge, Shalimar ne vit pas tout de suite ce que c’était mais à l’odeur, elle reconnut le « parfum » particuliers et âpre de la viande crue.
L’homme lança a travers les barreaux, le morceau de viande qui atterrit sur le sol poussiéreux.

- L’homme : Le dîner de madame est servit !

Puis il tourna les talons en riant aux éclats, referma la porte, laissant à nouveau la féline, seule, dans le noir et le froid, avec en plus l’odeur de la viande fraîche, Shalimar en eut des hauts le cœur, et se prostra un peu plus.




Le garde malheureux qui avait fait rater l’expérience de Holgard, attendait patiemment dans le bureau de ce dernier depuis un bon moment déjà. Ce qu’il voyait sur les murs, ne le rassurait pas vraiment. Des photographies de corps mutilés, des fiches explicatives d’armes, une photographie d’Holgard, souriant tenant dans ses mains le scalp d’un homme, ou Holgard riant avec d’autres personnes devant la mise à mort d’une femme. Puis soudain son regard fut attiré, par une rangée de bocaux, soigneusement alignés sur une étagère. L’homme s’approcha curieux, et ce qu’il vit lui donna la chair de poule. Dans le premier il y avait une main coupée, dans le second des yeux, dans le troisième un fœtus, dans le quatrième un petit singe capucin éviscéré et dans le cinquième beaucoup plus gros, une sorte de tête coupée. Voyant mal d’où il était, l’homme se rapprocha de l’étagère, non sans avoir jeté un regard emplit de crainte vers la porte, il redoutait l’arrivée de son chef.
Non, il n’avait pas rêvé, c’était bien une tête, mais le formol encore un peu trouble ne permettait pas de voir correctement, il tapota doucement sur le verre du bocal, et tomba à la renverse en en voyant distinctement le contenu . C’était la tête de l’homme qu’Holgard avait exécuter devant eux au cours du briefing. Les yeux écarquillés, la tête de l’homme donnait l’impression de ne pas comprendre ce qu’il lui était arrivé. L’impact de la balle tirée par Holgard était parfaitement visible et l’on pouvait y voir s’en échapper, des fragments de cerveau et quelques bris d’os.
L’homme recula de dégoût, il ne s’était même pas rendu compte que Holgard se tenait derrière lui, dans l’affolement l’homme de main, bouscula le maître des lieux. L’homme paniqua encore plus en voyant le visage de son chef, ce dernier arborait un sourire à la fois sadique et fier de lui, le garde ne demanda pas son reste et partit en courant, oubliant les ordres et fuyant celui qu’il considérait maintenant comme un malade mental. Holgard le regarda détaler comme un lapin, ce qui le fit sourire encore plus.

- Holgard en repositionant le bocal : Cours pauvre loque, cours…….Je me chargerai de toi plus tard ! ! ! !

Puis Holgard regagna son bureau, et alluma son moniteur, les caméras infra rouges de la cellule de Shalimar, lui renvoyèrent l’image de la féline, recroquevillée sur elle même, ses cheveux ébouriffés, la respiration haletante.
Holgard posa son index sur l’écran et caressa la silhouette de la féline, s’attardant sur certaines de ses formes.

- Holgard : Alors ma tigresse, tu n’as pas faim ? Mon petit cadeau ne te plait pas ?…..J’ai de grands projets pour toi ma belle, nous allons faire de grandes choses tous les deux…..notre avenir est maintenant scellé.

CHAPITRE 9





Allongée sur le fauteuil d’auscultation Emma attendait légèrement agacée qu’Adam finisse les derniers examens sur elle, elle en avait un peu marre d’être prise pour un cobaye ces derniers jours. Adam n’arrêtait pas de lui faire et refaire des prises de sang, des examens longs et fastidieux qui n’aboutissaient à rien, elle commençait à perdre patience, surtout que ses symptômes étranges ne l’avaient pas quitté depuis son retour de la jungle. Adam parlait tout seul de son côté, comme s’il était omnibulé par ses résultats, comme si pour rien d’autre ne comptait pour lui, même le fait de n’avoir aucune nouvelle de ses partenaires, disparus depuis maintenant presque trois jours.

- Emma : Bon ça y est Adam ? Je peux me relever ou pas ?
- Adam toujours le nez dans ses analyses : Non encore quelques tests à faire et ça sera bon….

Emma se releva brusquement l’irritation se lisait sur son visage porcelaine, mais au moment où ses pieds touchèrent le sol, elle eut brusquement une sorte de malaise. Elle se rattrapa de justement au fauteuil et ferma les yeux quelques secondes, elle était livide. Absorbé par ses recherches Adam ne remarqua même pas le malaise de sa protégée. Une fois que la psionique eut les idées un peu plus claires, elle réouvrit les yeux, et lança un regard affolé autour d’elle. Il faisait complètement noir. Soudain, elle se mit à frissonner, puis à trembler, elle avait l’impression que son corps entier était frigorifié. Elle voulut crier mais aucun son ne parvint à sortir, elle vacilla légèrement, se cramponnant avec fermeté au cuir du fauteuil, le lacérant un peu au passage en y enfonçant ses ongles. Puis, sans aucune raison, toutes ses étranges et surprenantes sensations disparurent comme elles étaient apparues. Sa vision redevint normale, la température de son corps semblait avoir retrouvé des constances normales, elle se sentait même plutôt bien. Seuls stigmates de son état de transe étaient les lacérations sur le cuir du fauteuil d’auscultation. Elle lança un coup d’œil rapide en direction d’Adam qui n’avait pas bougé, et décida de quitter la pièce sans même avertir le scientifique, qui bien trop accaparé par ses analyses ne s’aperçut que bien des minutes plus tard qu’Emma n’était plus dans la même pièce que lui.






Cellule n°3




Jesse avait la bouche pâteuse et la tête comme dans un étau. En se passant la main sur le visage, il aperçut son avant bras orné d’un immense pansement qui le lui recouvrait presque entièrement du coude au poignet. Il plissa les yeux quelques instants, cherchant à se souvenir d’où provenait et qui lui avait fait ce pansement. Soudain en revoyant l’image de Diensthal entrer dans sa cellule un scalpel à la main, il grimaça de dégoût et de douleur, bien qu’à cet instant précis aucune affliction ne le parcourrait. Il ne ressentait aucune douleur, et hormis ce pansement qui lui rappelait sa douloureuse rencontre avec le scientifique, rien ne laissait supposer qu’il n’avait pas rêvé tout ceci. Il posa son autre main, sur le pansement comme pour vérifier que ses souvenirs étaient bons, il ressentit un léger picotement mais rien d’insupportable, pourtant il se souvenait bien avoir vu la lame du scalpel s’immiscer dans sa chair, le sang inondé son avant bras et la vive et intense douleur qu’il avait eu à ce moment la. D’incompréhension, il secoua la tête et tenta de se relever, il mit plusieurs secondes avant de retrouver un équilibre stable et scruta à nouveau sa cellule y cherchant des éléments qui pourraient l’aider à lui donner des réponses à ses questions. Machinalement il porta son anneau vers sa bouche.

- Jesse : Brennan ? Shalimar ? Vous m’entendez ? Répondez ! Quelqu’un m’entends ? …….Emma ? ? ? ?……Brennan ?…….Shal ?……..

Et pour toute réponse à ses questions, il entendit un vague grognement mais pas un mot, pas un bruit, et à nouveau encore ce grognement.






Cellule n°2




Un grognement rauque fut le seul son que Brennan réussit à émettre en se réveillant. La voix de Jesse raisonnait encore en lui, il voulait lui répondre, mais pour le moment, il n’arrivait pas à sortir de son état de léthargie, tout était brumeux autour de lui, et tous ses muscles semblaient endoloris. Il avait l’impression que sa tête était devenue une caisse de résonance tellement il ressentait et entendait les propres battements de son cœur dans ses tempes. Son premier réflexe fut de s’assurer qu’il pouvait encore générer de l’électricité, il fit danser quelques étincelles au creux de sa main droite et esquissa un timide sourire, puis il porta sa main vers son visage.

- Brennan : Je t’entends Jesse, mais c’est pas la peine de hurler comme ça ! ! ! Je ne suis pas sourd.
- Jesse soulagé : Brennan c’est toi ?
- Brennan : Qui veux tu que ce soit d’autre ? Est-ce que ma voix ressemble à celle de Shalimar ?
- Jesse : Non désolé, mais je commençais à m’inquièter……Qu’est ce qui c’est passé ? C’est quoi ces malades ? Je ne peux même pas me servir de mes pouvoirs sans manquer irrémédiablement d’oxygène…. Ou es-tu toi ? Qu’est ce qu’ils t’ont fait ?…….
- Brennan essayant de calmer ses maux de tête : Oh doucement attends Jesse, une question à la fois, s’il te plait, je ne suis pas vraiment en état la……(puis à voix basse comme s’il craignait d’amplifier la douleur lancinante dans sa tête)…Shal tu m’entends ?…….Shal ma belle, tu nous reçoit ?…..Shalimar……
- Jesse : Elle ne réponds pas Brennan, j’essaie depuis tout à l’heure, mais aucune réponse, ni d’Emma d’ailleurs….
- Brennan : Shal ? ? ? ? ?…….Shalimar……..Shal…….

Ce fut le moment que choisit Holgard pour faire irruption dans la cellule du matériel électrique, sa mine antipathique et son air satisfait lui donnait l’air encore plus cruel et vicieux que les souvenirs qu’en avait Brennan. Holgard et trois hommes s’approchèrent du mur d’autour de la cellule, l’un des gardes activa le code et la paroi s’abaissa immédiatement. Brennan fit un pas dans leur direction, pensant profiter de l’occasion pour coller une raclée à son tortionnaire, mais se ravisa en voyant, deux points rouges contre son tee shirt au niveau de son cœur. Les deux autres gardes lui avait braqué leur fusil à infra rouge sur sa poitrine et Brennan s’avait qu’ils n’hésiteraient à faire feu. Donc il se contenta de toiser ses assaillants et d’attendre la suite des événements stoïquement.

- Holgard : Elle ne peut pas vous répondre monsieur Mulwray, elle est occupée pour le moment, mais je ne doute pas qu’elle vous fera signe dès qu’elle en sera capable. Clama –t-il avant d’éclater d’un rire monstrueux.
- Brennnan sur la défensive : Que vous lui avez vous fait ? Comment va t elle ? Répondez ou…..
- Holgard toujours hilare : Ou bien quoi monsieur Mulwray ? Ou bien quoi ? ? ? ? ?

Brennan s’avança un peu vers eux, mais aussitôt un troisième point rouge vint se poser sur lui, et celui la, en plein milieu de son front.

- Holgard : Je serai vous j’y réfléchirai à deux fois avant de faire quoi que ce soit ! A cette distance ils ne vous rateront pas…….
- Jesse : Brennan ! Qu’est ce qui se passe Brennan réponds ! Réponds s’il te plait !………

CHAPITRE 10





Brennan se laissa approcher par deux des gardes sans faire le moindre mouvement, il les laissa le menotter et leur tendit lui même ses mains pour leur faciliter le travail.

- Holgard : Je vois que l’on devient raisonnable c’est bien ça, excellent même……Quoi qu’un peu de résistance de votre part ne m’aurait pas déplu je vous l’avoue……..j’aurai pu tester encore quelques uns de mes gadgets….

Menotté, entouré des deux gardes, Brennan traversa une sorte de grand couloir sombre qui empestait le tabac froid, il n’avait aucune idée de ce que pouvait bien lui réserver Holgard. Pourtant un frisson d’effroi traversa tout son corps, lorsqu’ils passèrent une grande porte blindée, ce que vit Brennan à ce moment la, le fit tressaillir de terreur. La terreur était bien ce qu’il ressentait à cet instant précis, bien au délà d’une simple appréhension, ou peur, une terreur froide et cinglante, presque paralysante. Le matériel électrique eut du mal à déglutir et à réguler son souffle pour ne rien laisser paraître.






Cellule n°1





Une lumière aveuglante envahit toute la pièce quelques secondes, puis à nouveau le noir total, puis quelques instants plus tard à nouveau cette forte lumière aveuglante, encore le noir, la lumière, le noir…… Ensuite la soufflerie se mit à gronder un peu plus, mais cette fois ce n’était plus du froid qu’elle soufflait mais du chaud. Très vite la température de la pièce augmenta, une chaleur moite et suffocante emplit toute la cage. Shalimar dora son regard et scruta inlassablement toute la salle à la recherche d’indice. Elle avait perdu la notion du temps, son instinct ne lui permettait même pas de savoir si c’était le jour ou la nuit. Alors que son regard commençait à s’habituer à la pénombre, la lumière aveuglante s’installa à nouveau, provoquant chez Shalimar une sensation de brulure intense au niveau de la rétine. Elle ferma les yeux, la douleur était trop grande, ses pupilles la faisaient souffrir énormément. Au moment où elle réussit enfin à calmer les affres qui l’empêchait de voir correctement, elle vit trois ombres se faufiler à l’intérieur de la salle, elle entendit le cliquetis du verrou, et tout à coup sentit une affreuse douleur au niveau du bas ventre, une sorte de brûlure atroce. Elle comprit mais trop tard, que ce qui venait de la toucher était en fait une espèce de teaser remanié et amplifié par les bons soins de Diensthal. Elle tomba au sol, dans un bruit sourd. Armés de grandes perches aux bouts desquelles étaient fixés les teasers, les trois hommes s’avancèrent à l’intérieur de la cage, et l’un d’eux fit signe à la caméra braquée sur eux, que visiblement tout se déroulait comme il le voulait. Les hommes désactivèrent l’électrification de la geôle et enchaînèrent ensuite la féline, contre les barreaux de sa cage. Pieds et aux poings entravés par les lourdes chaînes, Shalimar encore sous le choc du teaser reprenait petit à petit ses esprits. Instinctivement elle essaya de se défaire de ses chaînes en tirant dessus d’un coup sec, elle parvint à libérer quelques centimètres de chaîne qui l’amenèrent à proximité d’un des gardes, mais avant qu’elle ne puisse tenter quoi que ce soit sur lui, le second, lui envoya une nouvelle décharge électrique. Shalimar se cabra, ses yeux se dorèrent par réflexe, son corps fut secoué de spasmes et à nouveau elle perdit connaissance. Le troisième garde apporta un seau d’eau qu’il déposa non loin de la féline. Apparemment, Holgard leur avait donné des consignes précises, car après avoir posé le seau, les trois hommes se tournèrent vers la caméra et attendirent patiemment que quelqu’un leur donne la suite des opérations, l’un d’eux pris son talkie-walkie et y cracha un vague : « on est prêt ! »







Cellule n°2






Intrigué par son pansement et surtout pour tenter d’essayer d’oublier le silence qui avait à nouveau envahit sa cellule après le bref échange avec Brennan, Jesse, s’installa sur sa paillasse et décolla lentement le sparadrap qui maintenait son pansement en place. Méticuleusement il souleva la compresse qui enserrait son avant bras, et resta dubitatif en découvrant sa blessure. Elle avait été nettoyé, désinfecté et soigné, avec le plus grand soin. Pourtant le moléculaire ne se souvenait de rien, qui et pourquoi lui avait on si généreusement pansé sa blessure après l’avoir meurtri de la sorte ? Soudain, sur son derme encore rougit et boursouflé quelque chose attira son attention. Perplexe, il scruta un bon moment ce qu’il redoutait que ce soit, puis doucement avança son avant bras vers son visage, afin de mieux voir. Non, il ne s’était pas trompé, cette chose étrange greffée sur sa peau, était une sorte de petite puce électronique. De son index il tenta de la faire bouger, mais elle était solidement implantée, il ne pouvait pas l’extraire à mains nues. Une multitude de questions l’assaillirent, pourquoi cette puce, dans quel but, pour qui ? Pourtant lui le génie de l’informatique et des expériences hors du commun qu’il faisait en règle générale avec Adam, ne comprenait pas l’intérêt d’une telle expérience et surtout quelles genres d’informations étaient susceptibles de collecter cette puce.





Au sanctuaire, Adam n’avait pas bougé de son laboratoire depuis des heures, Emma quant à elle, avait rejoint sa chambre, afin de mettre un peu au clair les dernières visions qu’elle avait eu. Elle avait allumé de l’encens et quelques bougies pour pouvoir se mettre en condition, mais rien n’y faisait, elle n’arrivait pas à entrer en méditation, mais surtout elle n’arrivait pas à interpréter les dernières sensations qu’elle avait éprouver quelques heures auparavant. Elle n’arrivait pas à entrer en connexion avec ses amis, alors de qui pouvaient bien provenir les visions qu’elle avait eu ?

Le scientifique planchait sur les dernières analyses d’Emma quand son biper l’avertit qu’un message sur sa ligne privée venait d’arriver et que quelqu’un cherchait à entrer en contact avec lui. En soupirant il laissa ses éprouvettes et ses tubes à essai et se dirigea vers son bureau. Cette mission était de plus en plus incompréhensible pour lui, rien ne se déroulait comme il l’avait prévu.

CHAPITRE 11






Les gardes avaient attaché Brennan avec des menottes aux poignets et aux chevilles et une grande chaîne qui reliait les deux paires de menottes. Si bien que sa liberté de mouvements était très faible. Ils stoppèrent devant une sorte de grand bassin remplit d’eau et attendirent les ordres d’Holgard. Ce dernier, toussota légèrement, puis se tourna d’une façon magistrale vers le matériel électrique.

- Holgard : Donc nous y voilà, voyez devant vous le lieu de votre prochaine torture, enfin je veux dire expérience évidemment….. Ligoté solidement, et lesté nous allons vous immerger dans ce bassin d’eau. Immanquablement vous coulerez surtout avec le poids que nous allons fixer à vos pieds. Et donc, deux solutions s’offriront à vous ! Ou vous vous noyez……Ou alors vous vous servez de vos pouvoirs, de vos fusées pour vous propulser hors de l’eau…. Mais comme vous le savez, l’eau et l’électricité ne font pas bon ménage, alors je ne suis pas certain que vous en ressortiez vivant ! Notez quand même que je vous laisse le choix, je ne suis pas inhumain moi ! Dit-il en riant aux éclats.

Brennan comprit très rapidement qu’il n’avait que trop peu d’espoir de pouvoir s’en sortir, il tenta donc le tout pour le tout, et fit jaillir quelques étincelles aux creux de ses mains, qu’il propagea le long de la chaîne. Ainsi aidée par l’effet conducteur du métal, l’onde arriva sur le garde avec une rapidité plus qu’efficace, le pauvre se prit une décharge foudroyante, lâcha la chaîne et trébucha dans la piscine.
Holgard qui avait assisté à la scène, sans bouger, le regardait un sourire entendu figé sur son visage. Avant que Brennan puisse faire quoi que ce soit, Holgard fit signe en direction du fond de la salle. Le mur blanc, se teinta et l’image de Shalimar enchaînée aux barreaux de sa cage apparut et stoppa net Brennan dans ses intentions.

- Holgard : Voyez, j’ai tout prévu ! Cette image de votre coéquipière est en directe, si vous tentez quoi que ce soit d’autre, c’est elle qui en payera le prix ! Me suis je bien fait comprendre ?

Le regard de Brennan était fixé sur l’image de son amie, elle paraissait à bout de force, épuisée, malmenée par ses bourreaux.

- Holgard : D’ailleurs pour vous montrer la véracité de mes propos et en représailles à ce que vous venez de faire subir à mon garde, regardez bien, la retransmission en face de vous mon cher !

Holgard, intima dans son talkie-walkie un guttural « allez y ! » et aussitôt deux des gardes présents dans la cellule de Shalimar, appliquèrent simultanément leur teaser contre l’abdomen de la féline. Sous la puissance des deux décharges électriques, le corps de Shalimar convulsa plusieurs fois, puis dans un mouvement de tête désordonné, elle laissa échapper un long et strident cri de détresse avant de s’immobiliser complètement. Sa tête retomba mollement sur ses épaules, si les chaines ne l’avaient pas retenu, elle se serait effondrée à même le sol.


Le sang de Brennan se figea dans ses veines, il n’avait pas le son seulement l’image, mais ce qu’il venait de voir dans le regard de son amie le tétanisa. Shalimar, sa douce, puissante, vaillante féline, paraissait complètement perdue, anéantie, meurtrie et fragile. Pourtant il savait que Shalimar avait plus ou moins l’habitude de se faire molester par leurs divers ennemis, mais elle avait toujours le dessus, il y avait toujours dans son regard cette petite étincelle qui voulait dire qu'elle allait reprendre le dessus et affronter tête haute ce qui l’attendait. Mais la, rien, dans son regard brun rien, hormis, la peur et l’abnégation. Un regard emprunt uniquement d’effroi et de souffrances.









Un long cri strident et inhumain envahit tout le sanctuaire, résonnant contre chaque paroi de l’édifice en ricochet. Adam en ligne avec son interlocuteur, sursauta, s’excusa et se précipita hors de son bureau. Il se savait seul au sanctuaire avec Emma, donc logiquement il courut en direction de la chambre de cette dernière. Il la trouva inconsciente sur le sol, les bougies renversées à côté d’elle, le scientifique les redressa rapidement pour ne pas qu’elles prennent feu et se pencha sur la jeune psionique, il lui releva doucement la tête qu’il posa sur ses genoux. Et passa lentement la main sur sa joue, qu’il tapota légèrement. Emma cligna des yeux plusieurs fois, puis les ouvrit complètement et parut surprise de voir Adam à ses côtés. Elle se redressa légèrement.

- Emma : Qu’est ce qui c’est passé ?
- Adam : A toi de me le dire ! Je t’ai entendu crier et je me suis précipité…..
- Emma hésitant : Pas la moindre idée, j’essayais de me concentrer puis soudain, j’ai ressenti une forte et vive brûlure sur mon ventre…….(elle posa ses mains croisées sur son ventre comme pour appuyer ses paroles, et son regard se figea)……oh mon Dieu……

Elle releva lentement son top et découvrit avec stupeur en même temps qu’Adam, les brûlures apposées sur sa peau.

- Emma : Mais qu’est ce que c’est que ça ?…………D’où viennent ces brûlures ?………Adam…..qu’est ce qui m’arrive ? ? ? ?

Les yeux incrédules d’Adam allaient du ventre d’Emma à son regard pétrifié, il ne savait pas quoi lui répondre, ni ce que tout cela impliquait. Il l’aida à se relever et regarda tout autour de lui comme si les réponses à ses questions se trouvaient dans la chambre de la jeune femme.

- Adam dans un soupir d’impuissance : Viens je vais te soigner ça…..
- Emma excédée : Mais je veux pas que tu me soignes Adam, je veux que tu m’expliques ce qui m’arrive depuis mon retour de la jungle……..et pourquoi je suis rentrée seule……….et pourquoi on a aucune nouvelle de Shal, Jesse et Brennan…….et pourquoi j’arrive pas à entrer en transes pour les retrouver et pourquoi……..

Elle ne put terminer sa dernière phrase elle fondit en larmes, des larmes de lassitude, d’épuisement, d’anxiété. Décontenancé, Adam, l’attira à lui et la prit dans ses bras.




Brennan avait toujours les yeux rivés sur l’écran qui projetait l’image de la féline, comme si le fait de la fixer allait lui donner un peu de courage et apaiser ses souffrances. Holgard lui donna un violent coup de coude pour le ramener à la réalité. Le visage arrogant, sadique et imbu de lui même du tortionnaire, redonna à Brennan un sursaut de hargne et de violence, il le toisa méchamment, le fusillant du regard, ce qui fit éclater de rire Holgard.

- Holgard : Quoi donc Mr Mulwray ? Un soucis peut être ? ……Bon assez rigolé, allez au jus !

Le matériel électrique, regarda l’eau scintillante devant lui, puis recula d’un pas, ce qui n’échappa pas à Holgard bien au contraire.

- Holgard : Parfait comme vous voulez ! (Il claqua des doigts en direction de la caméra en face de lui)…Allez y !


Obéissants les gardes appliquèrent à nouveau leur teaser contre le corps de la féline, avant même que cette dernière ait eut le temps de récupérer de la première salve. Son corps se cambra à nouveau, tressaillit, se crispa, puis s’immobilisa presque aussitôt.



Brennan regarda sa partenaire, il avait les larmes aux yeux, elle souffrait à cause de lui, il fallait que cela cesse. Il ferma les yeux, pour s’imprégner une dernière fois de l’image de Shalimar, sa Shalimar, son amie, sa confidente, celle qui hantait souvent ses pensées et ses rêves. Il inspira profondément et se laissa tomber dans la piscine…..

CHAPITRE 12






Diensthal, consultait avec une attention toute particulière les derniers résultats obtenus sur l’échantillon de peau de Jesse et sur les informations fournies par la puce électronique. Il semblait complètement subjugué par ce qu’il lisait, plus il avançait dans sa lecture et plus ses yeux s’écarquillaient et le sourire sur son visage s’agrandissait.

- Diensthal : Prodigieusement magnifique ! C’est inoui, j’ai rarement vu une telle capacité, il est sans commune mesure avec les autres mutants déjà observés……….La suite de mes expériences s’annonce plus que prometteuse….maintenant faut que je trouve le moyen de contrôler ses pouvoirs, voyons…….comment pourrai-je faire pour inhiber et brider le fait qu’il puisse se dématérialiser……

Plongé dans son monologue jubilatoire, il donnait vraiment l’impression de n’avoir aucun contact avec la réalité, il parlait tout seul en faisant de grands gestes, qui vu de l’extérieur, n’avaient aucune signification.







Le premier contact avec l’eau froide, lui fit rouvrir les yeux, puis il se sentit irrémédiablement attiré vers le fond, les poids à ses pieds l’entraînèrent vers les profondeurs, même si cette piscine devait avoir tout au plus cinq ou six mètres de hauteur, cette descente lui parut interminable. Quand il ressentit le choc de la pierre de lestage contre le carrelage de la piscine, il fit brièvement quelques mouvements de bras pour tenter de se maintenir à la verticale. Machinalement, il regarda autour de lui, réflexe instinctif pour trouver un échappatoire, une issue, quelque chose qui pourrait lui redonner un peu d’espoir. Mais rien, juste des tonnes d’eau plus ou moins croupie et sombre, tout autour de lui, rien à voir avec le scintillement qu’il avait aperçu au dessus du bassin avec les lumières qui se reflétaient sur l’eau. Maintenant c’était noir et glacé.
De rage, il attrapa la chaîne qui entravait ses pieds, et tenta de tirer dessus pour soulever les poids et remonter à la surface. Mais le lest était lourd, trop lourd….surtout ajouté à la pesanteur qu’exerçait l’eau sur les pierres. Très vite il abandonna l’idée afin de ne pas évacuer trop rapidement l’air de ses poumons à cause de l’effort.





Emma allait et venait dans le laboratoire, tapant nerveusement ses mains l’une contre l’autre. Elle ne rationalisait plus rien, plus aucune de ses émotions, tout s’emmêlait, l’incompréhension, la douleur, la peur qui se muait progressivement en terreur. Elle n’avait jamais auparavant ressentie une telle complexité dans ses sentiments. Elle souleva à nouveau son top, comme pour vérifier qu’elle n’avait pas simplement rêvée, et que ses brûlures n’étaient que le fruit de son imagination galopante. Mais elle y découvrit les mêmes marques qui l’avaient fait basculé dans l’effroi.
Pour la première fois de sa vie, Adam était à court de mot, il observait la jeune psionique, les bras ballants, ne sachant plus quoi faire ou quoi dire. Lui aussi était dans une impasse. Il ne comprenait pas, il ne comprenait plus….






Cellule n° 1






« La douleur insurmontable avait maintenant laissé place, à une sorte de douceur complaisante, comme si tout ce qu’elle éprouvait était enveloppé dans une sorte de cocon ouaté. Elle était bien, sereine, presque heureuse. Tout lui semblait limpide, elle ne ressentait rien de néfaste…… »

L’eau glacée qui cingla son visage, la ramena vite à la réalité, et toutes ses souffrances et ses douleurs effacées par sa perte de connaissance, refirent surface comme une vague déferlante, dévastatrice. Shalimar laissa échappé un long cri strident comme s’il venait du plus profond de ses entrailles. De ses yeux dorés, elle dévisagea, encore sous le choc, ses tortionnaires, qui avaient l’air de beaucoup s’amuser de la situation de détresse dans laquelle elle était. Mais la féline était incapable de réagir, épuisée et vidée par les décharges successives des teasers et là , elle fit ce qu’elle n’avait encore jamais fait : elle baissa les yeux d’impuissance face à ses bourreaux. Résignée, elle attendait la suite des évènements.







Brennan eut le sentiment de sentir une présence à ses côtés, il tourna doucement la tête, et distingua dans un hâlot de lumière aveuglante, le visage de Shalimar.

L’air dans ses poumons se raréfiait, il luttait presque contre l’asphyxie

Shalimar lui souriait, elle avait cet air mutin qui la rendait irrésistible. Brennan lui rendit son sourire, il était soudain apaisé par cette présence rassurante. Il tendit la main, pour toucher le visage de son amie, mais il paraissait à la fois si proche et si lointain……

Il expira les dernières bouffées d’oxygène encore en lui, puis il se sentit suffoquer. Les bulles ainsi formées remontèrent lentement vers la surface dans un bruit sec.

Du bout des doigts, il effleura le visage lisse de sa partenaire, et caressa sa joue, sa bouche. La féline lui souriait toujours comme pour l’encourager. Soudain l’image de son amie, vacilla, se brouilla et disparut……

Brennan ferma les yeux, il se sentait partir, il comprenait que ses forces l’abandonnaient et qu’il n’y pouvait plus rien. Alors que dans un dernier sursaut, il inspira fortement par la bouche, faisant entrer l’eau froide dans sa cavité buccale, puis la gorge, il réalisa soudain, que malgré le fait qu’il obéisse et fasse ce qu’attendait Holgard, ce dernier ne laisserait jamais, Shalimar en paix. Que forcément, ce dernier continuerait de la torturer jusqu'à ce qu’il obtienne ce qu’il veut d’eux. Cette pensée le terrifia, il écarquilla les yeux comme s’il venait de sortir d’un cauchemar, et tenta le tout pour le tout, sans se préoccuper des conséquences que cela pourrait avoir sur lui. Il se concentra avec une énorme difficulté, et envoya deux puissantes fusées vers le sol de la piscine pour se propulser lui ainsi que le poids qui le maintenait, hors de l’eau……..

CHAPITRE 13




La sensation qui traversa son corps de part en part à ce moment, était indéfinissable, un mélange de souffrances terribles et de soulagement. La brûlure atroce qui parcourait son corps de bas en haut, le fit grimacer, la douleur irradiait tout son être. L’air qui rentrait en lui, par saccades, lui donnait la sensation de consumer sa trachée, puis chacune des branchioles de ses poumons hypoxiés. Cet air salvateur le meurtrissait autant qu’il lui était nécessaire. Puis la seule chose qu’il ressentit fut l’impact de sa tête contre le carrelage, dans un bruit sourd.





Cellule 1 :





Shalimar se laissa désenchaînée sans opposer la moindre résistance, elle était à bout de force, elle se cherchait un second souffle, l’intensité et la puissance des teasers n’avaient rien de comparable, à ceux utilisés par Eckhart. Elle avait l’impression que son corps entier était une immense douleur, plus aucun muscle ne semblait lui obéir, et chaque mouvement devenait une torture. Elle accueillit comme une offrande, l’amas de paille sur lequel les hommes l’avaient jeté. Et soudain, sans qu’elle puisse y faire quoi que ce soit, ses yeux se dorèrent, et tous ses sens se mirent en alerte l’espace de quelques secondes, avant de la vider totalement de toute énergie. Elle perdit connaissance.








- Diensthal : Ca y est j’ai trouvé ! ! ! !

Le scientifique avait bondit de sa chaise, renversant au passage quasiment toutes les éprouvettes qui se trouvaient à proximité de lui. Il leva triomphalement, le tube à essai, qu’il tenait dans les mains, l’exhibant comme s’il détenait le Saint Grâal. Aucun de ses assistants ne prêta attention aux débordements de joie de Diensthal, certainement habitués aux élucubrations de ce dernier. Il balança un coup de pied tonitruant dans la chaise de son voisin :

- Diensthal : Toi, avec moi, cellule 3, prends des seringues et un teaser ! ! ! !

L’homme abandonna les recherches sur lesquelles il travaillait, et suivit le scientifique, non sans avoir levé les yeux au ciel avant, comme si les expériences nébuleuses de Diensthal lui paraissaient parfaitement inutiles ou sans intérêt.





Holgard, s’approcha lentement du corps quasi inerte du matériel électrique, il regarda en secouant la tête, la marque faite sur le sol par le lest en retombant. Le carrelage était tout fissuré autour de la pierre, les longues zébrures semblaient avoir dessiné un paysage lunaire. Holgard envoya un corps de pied dans le ventre de Brennan pour vérifier s’il avait encore des réactions. Puis il se tourna vers un de ses gardes et aboya :

- Holgard : Vérifiez s’il est encore en vie !

L’homme s’exécuta, posa son index et son majeur sur la carotide de Brennan cherchant à capter un pouls, il resta ainsi quelques instants, et lança un rapide « toujours vivant » à son chef avant de se relever.

- Holgard : Surprenant ! Je pensais vraiment que ce traitement allait lui régler son compte. Il est beaucoup plus robuste et coriace que je ne l’aurai imaginé….. Ces monstres sont vraiment……..diaboliquement résistants….. Ce Adam Kane, en a fait des créatures surprenantes, il est urgent de les éradiquer…. Réveillez le, et ramenez le dans sa cellule. Nous essayerons autre chose plus tard, il faut que je révise et que j’augmente la puissance de certains de mes « joujous » pour venir à bout de celui là…. Ah et convoquez moi l’autre abruti ! Celui qui a fait raté l’expérience, j’ai deux mots à lui dire, dites lui que je l’attends, près de l’enclos de mes bébés…..j’ai besoin de réfléchir.

Puis le militaire tourna les talons sans porter la moindre attention à Brennan qui gisait toujours sur le sol baignant dans une énorme flaque d’eau.




Cellule 3



Jesse tentait de comprendre le pourquoi de cette puce implantée dans son avant bras, il avait beau tourner et retourner le sujet dans tous les sens, il ne voyait vraiment pas à quoi elle pouvait servir et surtout dans quel but.
Assis, sur son lit de fortune, une moue dubitative figée sur son visage, il sursauta, quand la porte s’ouvrit violemment sur Diensthal. Il se leva d’un bond, replaçant machinalement le pansement sur sa blessure. Son attention se fixa sur la fiole avec le contenu fluorescent qui était dedans, Diensthal semblait lui accorder beaucoup trop d’importance, si bien que Jesse, recula, comprenant tout à coup que tout cela n’envisageait rien de bon pour lui.

CHAPITRE 14







Emma arpentait sa chambre de long en large, s’arrêtant de temps à autre pour regarder sous son top, comme pour tenter de donner une signification à tout cela. Les formes dessinées par les brûlures sur son ventre, lui rappelait étrangement quelque chose, mais elle n’arrivait pas à définir quoi. Pourtant, il lui paraissait évident que de telles marques lui étaient familières. Des bouffées d’angoisse, remontaient de ses entrailles par vagues discontinues, lui faisant perdre à chaque fois le fil de son raisonnement.
Soudain, elle sursauta. Une lueur de surprise et d’effroi passa dans son regard. Elle scruta rapidement autour d’elle cherchant à savoir d’où provenait ces bruits d’animaux, ces chants d’oiseaux et le bruit du vent s’infiltrant dans les feuillages, qui emplirent toute sa chambre. Elle frissonna. Puis tout comme ils étaient apparus, ces sons étranges s’estompèrent.
Emma se passa les mains sur le visage et cligna plusieurs fois des yeux, elle avait l’impression de sortir d’un songe et d’avoir beaucoup de mal à se réveiller.

- Emma (à elle même) : Tu es en train de perdre la tête ma pauvre…..

Puis elle porta l’anneau vers sa bouche et lança d’une voix tremblante teintée d’angoisse :

- Emma : Adam ! ! ! ! Adam, aides moi………








Holgard admirait ses fauves, un sourire satisfait aux lèvres, il contemplait deux de ses félins, des tigres mâles qui se livraient une bataille de territoire. Les énormes pattes puissantes des félins, s’abattaient presque simultanément sur leur gueule, accompagnées de feulements terrifiants. Ni l’un ni l’autre ne semblait vouloir lâcher quoi que ce soit, il fallait à tout prix un dominant et un dominé. Un seul mâle dominant par famille de félins.
Babines retroussées laissant apparaître d’immenses canines acérées, les deux mâles semblaient ignorer tout ce qui les entourait y compris la présence d’Holgard. Après une joute sanguinaire, le plus faible, le plus meurtri battit en retraite. Le vainqueur le regarda s’éloigner piteusement, victorieux il poussa un long et puissant feulement comme pour annoncer la défaite de son rival et signaler aux autres mâles présents dans l’enclos, qu’il était prêt à en découdre avec n’importe lequel d’entre eux. Puis, fort de sa supériorité, il rejoignit les deux femelles étendues près d’une énorme souche de bois. Les tigresses avaient assisté avec dédain à la rixe des deux mâles, déroulement normal du règne animal.
Holgard lança un regard admiratif à son protégé, il paraissait presque fier de l’animal. Soudain, l’infâme maître des lieux , entendit toussoter derrière lui. En effet, le garde peu chanceux qui avait fait rater l’expérience sur Brennan, se tenait debout derrière lui, les mains dans le dos, la mine défaite, les yeux baissés.

- Holgard hurlant presque : Suivez-moi !

Le militaire désactiva le champs électrique qui entourait l’enclos des fauves et ouvrit la petite porte grillagée.

- Holgard : Allez me chercher le seau de nourriture qu’a oublié votre collègue, j’en ai besoin !

L’homme regarda le seau vide dans l’enclos, puis dévisagea Holgard, comme si il n’était pas sur d’avoir tout compris.

- Holgard sèchement : Quoi ? De quoi avez vous peur ? Mes bébés sont loin, vous ne risquez rien, et puis ils sont repus, ils ne remarqueront même pas votre présence.

Le garde déglutit avec difficultés, s’assura qu’effectivement les félins étaient suffisamment éloignés et entra dans l’enclos.
Dès que ce dernier eut fait quelques pas en direction du seau, Holgard referma la porte grillagée et relança l’activation du champs électrique, emprisonnant ainsi à l’intérieur du parc des fauves, l’infortuné garde. Celui ci s’empressa de revenir vers Holgard et machinalement posa ses mains sur le grillage électrifié, la décharge reçue le propulsa en arrière et tomba à la renverse. Hébété et légèrement sonné, il se releva et s’avança de nouveau vers son chef qui n’avait pas bougé d’un centimètre, assistant à la scène avec un plaisir non dissimulé.
Paniqué en entendant le rugissement d’un des lions, le garde lança un regard implorant à son supérieur, alors que lui revenait en mémoire toutes les horreurs qu’il avait vu dans le bureau de ce dernier.

- Le garde, (jetant un regard terrifié sur le regroupement de fauves qui venait de se former) : Mais……..Pourquoi ? ? ? ? ?……..Monsieur ! ? !……..
- Holgard souriant : Disons que je n’aime pas que l’on fasse capoter mes expériences…..Toute infraction à mon code d’honneur mérite châtiment ! Le tien ne sera peut être pas mortel……. ! Si demain soir, ta cohabitation avec mes amis n’a pas été fatale pour toi, tu seras pardonné et tu pourras rejoindre les autres…..

Holgard s’éloigna sans prêter attention aux doléances du jeune homme, puis soudain s’arrêta, se tourna vers la victime et lui jeta en riant :

- Holgard : Ah petite précision qui peut avoir son importance dans votre situation…….les tigres savent monter aux arbres, ce n’est pas naturel pour eux, mais ils savent le faire……essayez de vous trouver une meilleure cachette….et sinon, il ne vous reste plus qu’à courir…..vite…..très vite…..







Un cri strident transperça la quiétude et le silence, glacial et déchirant ce cri, fit s’envoler un groupe d’oiseaux dans un bruit d’ailes effroyable. Puis le silence s’imposa à nouveau, enfin pas tout à fait le silence, car le bruit mélodieux du vent soufflant dans les feuillages, rythmait quelques appels lointains d’animaux. Progressivement les bruits s’intensifiaient, la forêt semblait prendre vie, s’éveiller doucement. Soudain un feulement puissant, fit sursauter la féline, elle ouvrit les yeux. Elle fut étonnée de constater qu’elle était toujours dans sa cellule, étendue sur la paille sèche et irritante. Elle cligna des yeux plusieurs fois, avant de comprendre que tout ceci n’était qu’illusion, et que le fond sonore était un leurre, une mise en condition. Elle releva la tête lentement, et scruta la pièce, à la recherche d’où venait le son. Alors qu’un long feulement de tigre en rut s’éleva et couvrit les bruits de la forêt, un frisson parcourut le corps entier de la féline et ses yeux se dorèrent instinctivement. Elle ne contrôlait plus ses sens, ses instincts venaient de prendre le dessus sur sa raison. Elle huma l’air à la recherche d’odeurs familières, elle sentit peu à peu la force revenir en elle, comme si entendre l’appel d’un de ses « congénères » la revigorait, lui donner un second souffle. Malgré la douleur elle s’étira un long moment, ses yeux dorés virèrent légèrement au rouge, prémices du changement voulut par Holgard. Elle tira sur sa chaîne, et de rage poussa un cri à la limite du rugissement. Elle fut la première surprise du son qu’elle émit……




Cellule N°2



Allongé sur le dos sur sa paillasse, le corps de Brennan se soulevait à intervalle régulier, au rythme de sa respiration. De temps en temps son corps était secoué de spasmes légers, comme s’il était en train de rêver ou plutôt de faire un cauchemar. Sa tête roulait d’un côté à l’autre, de manière saccadée. Les lèvres pincées, il gémissait dans son sommeil. Il avait le teint beaucoup moins blafard que lorsque les hommes de main d’Holgard l’avaient jeté sur son lit.

- Brennan toujours endormit : Shal…….Shalimar….. Ne me laisses pas…..Shal….je…….je……Shal……..

Maintenant le moléculaire gesticulait, des mouvements désorientés, comme s’il se débattait. Brusquement, il se réveilla en hurlant :

- Brennan : Shalimar ! ! ! ! ! ! ! !

Le prénom de son amie résonna en écho, ricochant contre les murs d’eau, lui donnant plus de puissance, de force. D’abord il se mit en position assise sur le lit, enfouissant son visage dans ses mains, cherchant à rassembler ses idées et à retrouver ses forces. Puis d’un bond il se releva, et tenta de se maintenir debout, mais encore très affaiblit par les différentes tortures d’Holgard, il vacilla avant de s’écrouler sur le sol, en criant à nouveau le prénom de son amie. A bout de force, il tenta de contacter ses coéquipiers par l’intermédiaire de son anneau, mais ses tentatives restèrent infructueuses. Epuisé, toujours au sol, le visage contre revêtement granuleux, il resta ainsi de longues minutes sans bouger, attendant on ne sait quoi. La fatigue eut raison des dernières onces d’énergie du matériel électrique, il plongea à nouveau dans un sommeil agité.

CHAPITRE 15




Cellule 3 :



Le moléculaire n’arrivait pas à détacher son regard de la fiole que Diensthal agitait sous son nez comme un trophée. Bien que terrorisé par ce qui l’attendait, Jesse se laissa approcher sans offrir la moindre résistance, pour conjurer sa peur il avait choisi le dédain. Il fixait ses tortionnaires droit dans les yeux.
Alors que les deux gardes l’empoignèrent solidement, Diensthal, enfonça sans ménagement l’aiguille de la seringue dans laquelle il avait aspiré le liquide, dans le derme du moléculaire, sans même avoir au préalable désinfecté la peau. La douleur de la piqûre n’était rien en comparaison de celle occasionnée par l’avancée du produit dans ses veines. Jesse avait l’impression qu’on venait de lui injecter de la lave en fusion, il ressentait l’immense brûlure dans chaque millimètre carré de son corps, il pouvait sentir le cheminement du poison à travers ses vaisseaux sanguins. Son visage se crispa dans un rictus horrible.
Maintenu fermement par ses bourreaux , il ne pouvait même pas tenter de trouver une position moins douloureuse.
Diensthal avait plongé son regard dans celui du jeune homme, apparemment satisfait de lui. Attendant avec intérêt chacune des ses réactions, le scientifique n’avait pas pu faire de test, donc il ne savait pas quels réels effets cela aurait sur le moléculaire.






Tapis derrière un petit rocher, il épiait avec inquiétude et frayeur, les moindres mouvements des félins, sursautant à chaque bruit suspect. Il entendait son cœur tambouriner dans sa poitrine comme une immense caisse de résonance. Il avait le sentiment de n’entendre que ça, le boum boum incessant et irrégulier de son flux sanguin entrant et ressortant de ses ventricules.

Tout doucement le jour commençait à décliner, moment propice pour les prédateurs de partir en chasse. Malgré leur captivité et le fait d’être nourrit correctement sans avoir à dépenser la moindre énergie, leur instinct restait néanmoins en alerte. Têtes levées vers le ciel, humant l’air à la recherche d’odeurs susceptibles d’aviver leur faim potentielle, les félins, toutes races confondues se mirent en quête d’un repas frugal.

Soudain, sentant une présence derrière lui, le jeune homme, le souffle court, se tourna lentement, s’attendant à se retrouver nez à nez avec un des immenses et féroces félins.
Machinalement, un sourire se dessina sur son visage pétrifié, en découvrant deux adorables lionceaux d’à peine quelques mois. Il soupira de soulagement. Petit à petit, il sentit tous les muscles de son corps se relâcher, se détendre, allant même jusqu'à se pencher un peu, pour admirer les deux « petites peluches » craquantes. Leurs petites bouilles attendrissantes donnaient envie de les caresser, de les cajoler, il tendit la main vers eux.
Mais, il semblait avoir oublié que des lionceaux surtout si jeunes se promènent rarement seuls. Le feulement strident qui retentit derrière lui, le fit sursauter, il fit volte face, au moment même où une patte énorme s’abattit sur lui.






Cellule N°2



A demi conscient, Brennan, toujours étendu à même le sol, paraissait très agité, des soubresauts secouaient son corps. Ses yeux semblaient rouler sous ses paupières et quelques étincelles crépitaient au bout de ses doigts.
Brusquement il ouvrit les yeux, son regard était fixe et vide de toute expression. Il resta ainsi quelques instants sans bouger, il essayait de chasser l’horrible bruit qui martelait son crâne, une sorte de miaulement infâme et inaudible, comme si quelqu’un s’amusait à chanter faux et à tue-tête dans sa boite crânienne.
Puis lentement, il prit appui sur ses mains et tenta de se relever. Aux prix de gros efforts douloureux, il parvint à se mettre debout, et avec d’infimes précautions, il se dirigea vers sa paillasse, où il se laissa choir.
Assit, la tête dans les mains, le matériel électrique avait beaucoup de mal à récupérer. Il était conscient qu’il revenait de loin, et paraissait presque surpris d’être toujours en vie.
Tout doucement, il porta son anneau vers sa bouche. Sa main tremblait. Il lança dans un souffle :

- Brennan : Shal ? ! ! !…….Shalimar tu me reçois ? Jesse …..

Chaque parole semblait être une torture, un supplice. De lassitude et d’épuisement sa main retomba lourdement sur ses genoux. A bout de force, il se laissa tomber sur le côté. Il n’eut même pas la force de ramener ses jambes sur le lit pour avoir une position couchée plus confortable.




Cellule N°1



Shalimar tournait en rond dans sa cage, ses yeux avaient gardé leur couleur ocre. Elle allait et venait d’un bout à l’autre des grilles, en émettant de petits grognements. De temps à autre, elle s’arrêtait et scrutait rapidement la pièce à la recherche d’on ne sait quoi. Puis, repartait dans sa marche infernale, passant d’un côté à l’autre de la cage en traînant sa lourde chaîne qui lui meurtrissait la cheville. Elle semblait ne plus rien maîtriser. Son regard doré et sa mâchoire crispée qui tressaillait de temps en temps, ses cheveux en bataille, lui donnaient l’allure d’une sauvageonne. Elle était méconnaissable.




Dans son bureau, les yeux rivés sur le moniteur qui épiait les moindres gestes de la féline, Holgard souriait.
Il attrapa son Dictaphone, baissa le volume des hauts parleurs de la cellule de Shalimar et fit son rapport, sur un ton monocorde :

- Holgard : Le spécimen semble maintenant atteindre une phase critique, après avoir absorbé à son insu le mélange inhibiteur fait par Diensthal, la « bête » montre les premiers signes et résultats escomptés. Ses gênes félins, prennent progressivement le contrôle sur le reste de son corps. Après 72 heures de traitement, le sujet paraît ne pas vraiment contrôler ses pouvoirs de mutation. Son instinct a pris le dessus sur sa raison humaine. Le cloisonnement attise considérablement notre processus de régression. MAGNIFIQUE !…

Puis il appuya sur le bouton stop de l’enregistreur qu’il appliqua contre sa bouche, tout en contemplant son œuvre. Il paraissait subjugué par les réactions de la féline, il ne pouvait détacher son regard de l’écran, il était presque hypnotisé par les résultats qu’il venait d’obtenir sur Shalimar. Une lueur de fierté mêlée de sadisme passa dans ses yeux. Il jubilait.

- Holgard : Patience ma beauté……les réjouissances ne font que commencer.

CHAPITRE 16





Emma avait reprit ses habitudes de ces derniers jours, elle allait et venait d’un coin à l’autre de sa chambre, elle semblait en transes, le regard hagard, fuyant, comme si elle était possédée. Elle entamait son énième aller et retour, quand Adam frappa à la porte. N’obtenant pas de réponse, ce dernier décida d’entrer pour vérifier si elle était présente, car le comportement plutôt étrange bien que logique de la psionique l’intriguait et l’inquiétait. Il fut surpris de la trouver, marchant, émettant une sorte de petit grognement sourd et ininterrompu. Elle passa devant lui sans prêter attention à la présence de son mentor.
Adam l’appela d’abord une première fois doucement, puis la héla de nouveau de façon plus virulente, mais n’obtint aucune réaction de la part de la jeune femme, complètement absorbée, comme enfermée, emmurée dans son monde à elle.

Alors qu’elle fit encore un passage devant lui, il lui posa délicatement la main sur l’épaule. Au contact, de la main du scientifique sur son épaule dénudée, elle s’arrêta brusquement de marcher et de grogner.
Puis sortant de son état « d’envoûtement », elle plongea son regard sibyllin dans celui d’Adam. Elle semblait étonnée de le trouver à ses côtés.

- Emma : Adam ? ! ?… Qu’est-ce que tu fais là ? Qu’est-ce qui se passe ?…..
- Adam fronçant les sourcils : J’allais te poser la même question, ça fait une demi heure que j’essaie de te joindre sur ton transpondeur ! Qu’est ce qu’il t’arrive ? Qu’étais-tu en train de faire ?
- Emma : ……
- Adam : Emma, tu arpentais ta chambre en grognant, tu semblais……( il cherchait ses mots pour ne pas perturber encore plus sa protégée)…tu semblais…..complètement ailleurs.
- Emma, les yeux embués : Je…….je…..je sais pas…j’étais en train de ….(elle scruta rapidement sa chambre et soupira) je sais plus ! Qu’est-ce qu’il m’arrive Adam ? Pourquoi je ne contrôle plus rien ? C’est comme si mes pouvoirs étaient en ……… m’échappaient…..

Elle s’effondra en larmes dans les bras protecteurs du scientifique quelque peu perdu dans les réactions et les explications nébuleuses de la jeune femme. Emma était-elle en train de subir une nouvelle mutation de ses pouvoirs ? Il sera un peu plus son étreinte autour des frêles épaules de la psionique.







Cellule n° 3




Après les maux presque insupportables du produit parcourant son corps tout entier, la douleur cessa d’un seul coup, au grand soulagement du moléculaire. Il était en sueurs, les efforts fournis pour tenter d’amoindrir les affres, l’avaient épuisé.
Diensthal sortit un PAD de la poche de sa blouse, et s’avança lentement vers Jesse, articulant avec ironie chacun des mots qu’il prononçait.

- Diensthal : Grâce à votre échantillon de peau prélevé et analysé, j’ai pu fabriquer cette puce qui est implantée dans votre bras. Je contrôle votre cuirassement, vous ne pouvez le faire que si je le décide ! Et ce petit produit miracle qui coule maintenant dans vos veines est un puissant inhibiteur de ma composition, qui vous empêche toute dématérialisation. C’est génial non ? Vous n’êtes plus qu’un jouet entre nos mains…… Nous allons tester tout de suite l’efficacité de mes recherches. Je ne vous cache pas que je n’ai pas vraiment eu le temps de faire des contre expertises, donc nous ne sommes pas, enfin je veux dire, vous n’êtes pas à l’abri d’un incident ou d’effets indésirables, voire fatals…. Mais qui ne tente rien n’a rien c’est bien connu ! (Diensthal éclata de rire, un rire à la limite du démoniaque) Messieurs, que le spectacle commence ! ! ! ! Cuirassez-vous jeune homme !

Jesse le regarda, la fatigue dans son regard avait laissé place à la colère. Il toisa, stoïque, son bourreau.

- Diensthal hurlant presque : Cuirassez-vous, c’est un ordre !
- Jesse : Je ne vous donnerai pas cette satisfaction, vous rêvez !
- Diensthal (remontant ses lunettes sur son nez) : Parfait. J’ai les moyens de vous y contraindre.

Diensthal fit un signe de la tête à un des gardes, qui s’empressa de donner un coup de poing fulgurant en plein visage du moléculaire. Sous l’impact, Jesse faillit perdre l’équilibre mais se rattrapa de justesse. Et contre toute attente, il releva la tête fièrement, un rictus narquois aux coins de ses lèvres sanguinolentes. Jesse toisait toujours ses agresseurs, nullement impressionné.

- Diensthal posément : Très bien.

Le scientifique fou, recula de quelques pas, se baissa et plongea sa main droite dans une des caisses posées à terre.
Jesse ne comprit ce que Diensthal en retira qu’au moment où le faisceau lumineux du plafonnier se refléta sur la lame aiguisée.






Cellule n° 2




Malgré son teint blafard, ses yeux cernés et ses traits tirés. Il souriait.

« ….des éclats de rire cristallins résonnaient dans toute la pièce, Shalimar venait de le mettre à terre en esquivant son attaque. Ses pommettes rouges et luisantes par l’effort, rendaient son visage encore plus beau. Elle lui souriait en se moquant de lui. Il balaya le sol de sa jambe droite, crochetant celles de la féline au passage, qui lui tomba dessus de tout son poids. Leurs visages n’étaient qu’à quelques centimètres, si proches qu’il pouvait sentir son souffle contres ses lèvres entrouvertes. Il ferma les yeux se laissant envelopper par la douceur de ce contact charnel……. Il rouvrit les yeux. Il était dans sa chambre étendu sur son lit, Shalimar lui passait un linge humide sur le front, le regard emplit d’inquiétude. Elle lui souriait timidement, tout en lui disant des mots rassurants. Elle avait la main dans la sienne……..Il cligna des yeux. Shalimar était étendue à même le sol, inconsciente, une énorme balafre lui barrait l’abdomen, son top blanc était maculé de sang. Il se précipita sur elle, se laissa choir à genoux à côté d’elle. Il prit doucement la tête de la féline qu’il appuya contre son torse, en lui susurrant des mots doux……. Nouveau clignement de paupières. Elle lui plaqua un baiser sonore sur la joue alors qu’il tentait de faire atterrir l’hélix, elle le taquinait et il adorait quand elle faisait cela, il aimait leur complicité, leur connivence, il l’aimait tout simplement, il…….Son visage se crispa. Sur le toit de l’immeuble la féline combattait contre trois hommes, elle était sur le point d’en venir à bout, quand après un saut arrière, elle trébucha et bascula par dessus le parapet . Elle se retint de justesse à la rambarde avec sa main gauche, à plus de trente mètres au dessus du sol. Alerté, il se précipita vers elle pour l’aider à remonter, il avait le souffle court, son cœur battait la chamade. Il se plaqua au sol et cala ses pieds contre un petit muret pour faire contrepoids. Il attrapa la main de son amie, mais le poids du corps de la féline se balançant dans le vide, était lourd très lourd. Sa prise n’était pas bonne, il sentait la main de Shalimar lui échapper millimètre par millimètre. Il lui criait de tenir bon. Elle le suppliait de faire vite, qu’elle ne tiendrait pas longtemps. Il ne tenait plus maintenant sa coéquipière que par les phalanges. Son regard plongé dans le sien, il semblait s’excuser de défaillir. Puis une crampe l’obligea à la lâcher. Il la regarda tomber en hurlant son prénom….. »

Brennan se redressa sur son lit, en sueurs, la bouche sèche, en arythmie anarchique. Il mit quelques instants à comprendre qu’il venait de faire un cauchemar.
Mais était ce vraiment un cauchemar ? Il n’en était pas sur, il savait, il sentait, il pressentait que Shalimar avait besoin de son aide, qu’elle était en danger.
Avec difficultés, il s’extirpa de sa couche. A peine levé, il tituba plusieurs fois avant de retrouver son équilibre. Puis tel un chien hurlant à la mort, il se posta au centre de sa cellule et s’époumona :

- Brennan : Shalimarrrrrrrrrrrrrrrrrrrr………………………….







A suivre.......

C'est pas parceque tu écris super bien que tu dois être aussi sadique! Je veux la suite moi!!! Qu'est ce qu'ils vont faire cette bande de ***** à nos gentils mutants?! Surtout qu'on s'y croirait, et qu'on partage la douleur des personnages, alors viiiiiite postes nous tout ça !!!