Fic traduite, elle n’est pas à moi.La Série du Prisme
La lumière se divise en un arc-en-ciel, les couleurs de l'amour et de la perte fusionnent brièvement avant de se disperser à nouveau... Les pensées d'Angel et Cordélia, durant une année de naissance, de mort et de changement.
Titre: Vert
Auteur: Dazzle
Traductrice: Aurélie (a.a.k)
Estimations: PG-13
Spoilers: Dans les environs de l’épisode de la saison trois d’Ats "La prophétie".
Sommaire: Angel essaye d’accepter les bouleversements dans sa vie – le retour de Darla, la naissance imminente de son enfant, et la naissance de nouveaux sentiments pour Cordélia. Troisième dans la Série du Prisme, qui suit le développement des sentiments de Cordy et Angel durant la saison trois.
Le symbolisme du vert: nature, fertilité, jeunesse, renouveau, inexpérience, jalousie, commencements.
***
La lumière de la lune est pâle dans la cour; avec la grandeur de l’hôtel tout autour, relativement peu d’éclairage entre, de jour comme de nuit. Mais durant la journée, il y a assez de soleil ici dehors pour brûler. Et durant la nuit, il y a assez de ciel pour voir. Je m’assied lourdement sur l’un des bancs en pierre; les feuilles de la haie frémissent, brillantes, sombres et vertes dans la lumière pâle. Au milieu de tout ce métal et cette pierre, ce petit endroit vivant – croissant vers la lumière du soleil, même s’il y en a tellement peu.
"Tu vas être père," m’avait chuchoté Cordélia. Elle l’avait dit comme si elle était excitée. Comme si ça pouvait être une bonne chose.
(mais il a une âme il a une âme je peux entendre son coeur battre et sentir son corps bouger et je peux sentir son âme)
Est-ce que ça peut être possible? Est-ce que Darla et moi avons pu créer quelque chose de bon?
Tout ce que je sais – de ma propre histoire personnelle, des livres jaunissants de Wesley, de la probabilité purement mathématique – me dit que ça ne devrait pas être vrai. Mais l’âme de mon enfant me dit que ça pourrait être vrai après tout.
Mon enfant. Je n’y ai pas pensé auparavant. Mon enfant. Les mots sont inconnus, presque étrangers, et pourtant je dois les chuchoter tout haut, pour m’émerveiller devant. Je suis sur le point d’avoir un enfant. Cet enfant est peut-être un présage de mal innommable. Ou peut-être qu’il est le moyen de salut pour des vies innombrables. Mais quoi que ce – il ou elle – sera, l’enfant sera à moi. Je vais être père.
Pendant un moment, je ressens quelque chose que je ne reconnais presque pas – de la fierté, pure et forte. Mon corps mort a donné la vie, quelque chose qui devrait être impossible mais ne l’a pas été. Et je sais que quoi qu’il s’est passé – peu importe l’étrange aberration des lois des dieux et des hommes qui a rendu possible que j’engendre un enfant – ce n’était pas quelque chose que j’ai fait ou non. Je n’ai pas choisi ceci. J’ai été choisi. Mais ça m’est tout de même arrivé.
"Hey, toi." Je lève les yeux vers le seuil pour voir Cordélia debout là. Son corps est encadré par la lumière pâle du lobby de l’Hypérion. La colère qu’elle ressentait tout à l’heure a disparu; Darla l’a fait partir par la peur, ou sa vision l’a fait outrepasser ça. Quoi qu’il en soit, je suis reconnaissant. Je souris et me lève sans y réfléchir, l’invitant à me rejoindre.
Alors qu’elle s’avance, je me prends à observer les courbes de sa silhouette, le doux éclat dans ses yeux alors qu’elle les plonge dans les miens. Je me souviens de ce que Fred m’a dit, comme je l’ai véhémentement nié. C’était plus facile à faire avant que je ne voie Cordélia se faire presque tuer par Darla et que je sache, en un instant, que ce que je ressentais pour elle était – autre de ce que c’était par le passé. C’était plus facile à faire quand nous n’étions pas seuls dans la lumière de la lune.
"C’est probablement mon signal pour te demander à quoi tu pensais," dit Cordélia. Elle enroule ses bras autour d’elle; le temps, ce soir, est moyennement tempéré, mais selon les normes de Los Angeles, il y a de la fraîcheur dans l’air. "Mais je suppose qu’il y a tellement d’agitation dans ta tête que tu ne pourrais pas me donner une réponse directe."
"J’aime le fait que tu penses que je te donnerais une réponse directe autrement."
"J’essaye de penser de façon positive." Cordélia me lance un regard en coin. "C’était ton signal pour me donner une réponse partielle. Ou au moins un indice pour continuer. Tu sais – commencer une phrase, me laisser essayer de la finir. Quelque chose comme ça."
Je hausse les épaules. "Ce n’est pas que je pense de trop," dis-je. "Je ne peux penser qu’à une chose. Le bébé."
Ce n’est pas exactement la vérité. Mais je ne pense pas que ça nous mènerait quelque part si j’avoue que je pense aussi à elle. Du moins, pas quelque part où je suis prêt à aller.
"Tu as peur?" dit-elle doucement.
"Bien sûr. Avec mon histoire – qui n’aurait pas peur?"
"C’est exactement ce que c’est. De l’histoire. Tu n’es plus le démon que tu étais. Darla – bon, d’accord, elle l’est encore, mais quelque chose d’important a dû changer quelque part. Et ne me rappelle pas où."
"Je n’ai pas changé autant que tu le penses." Ses yeux se plissent, ses lèvres se pincent. "Ok, je n’ai pas changé autant que tu le dis pour que je me sente mieux. Je sais que je ne suis plus Angélus. Mais ça ne veut pas dire que je suis proche d’avoir ce qu’il faut pour être papa."
Papa. Ce mot, pour une raison ou pour une autre – il m’atteint, me frappe juste sous les côtes, me fait cligner fort des yeux. "Etre père" est une idée que vous pouvez rendre abstraite; vous pouvez parler de rôle patriarcal et d’images Freudiennes et de responsabilités légales et emballer le tout dans "être père." Mais je suis à quelques jours d’être le papa de quelqu’un. Un papa est un type qui sait réparer un jouet cassé et rester au chevet d’un enfant avec un rhume et amener tout le monde à Disneyland. Le destin et les Puissances et mon propre désespoir malencontreux ont fait de moi un père, mais à cette seconde même, je ne peux imaginer quoi que ce soit dans l’univers qui serait capable de faire de moi un papa.
"Hey." Les yeux de Cordélia sont sombres alors qu’elle les lève vers moi. Le bandage sur son cou est pâle dans les ombres qui nous entourent. Elle pose ses paumes contre mon torse, et malgré tout le reste qui se passe, je me souviens comment nous étions tous les deux, plus tôt, dans la salle d’entraînement – nos corps en sueur et tendus et à quelques centimètres l’un de l’autre – et je frissonne. Si elle le remarque, elle n’en dit rien. "Tu prends soin de nous, pas vrai? Et tu fais un travail plutôt bon."
"Je ne l’ai pas toujours fait."
"C’est vrai. Mais – on est pas toujours l’équipe la plus facile de qui prendre soin." Etant donné ce qui s’est passé l’hivers dernier, avec son incarnation couchée à l’étage enceinte et meurtrière, c’est à peu près la déclaration la plus généreuse que Cordélia aurait pu faire. "Et à chaque fois où ça avait le plus d’importance, tu t’en es sorti pour nous. Tout comme tu vas t’en sortir pour le petit Jason ou la petite Hannah."
Je me sens froncer les sourcils avec confusion. "Jason ou --"
"Je lance juste quelques suggestions là. Ce que j’essaie de dire c’est que, quand tu arrêtes de te larmoyer sur le passé et que tu vis dans le présent, tu es assez bon pour prendre soin des gens. Qui m’a sauvée de Russell Winters? Qui a botté les fesses menteuses de Wilson Christopher? Qui a lu la partie de 'Rafe' à peu près huit million de fois quand j’avais cette audition pour le feuilleton?"
"Oh, ouais." Elle a réussi à me faire sourire malgré moi. Comment se fait-il qu’elle le fasse toujours? "C’était quoi déjà la réplique? Quelque chose à propos d’amnésie."
Cordélia ri et je ne peux m’empêcher de prendre plaisir au son alors qu’il résonne dans la cour. Puis je me demande si Darla peut l’entendre et puis je réalise, bien sûr qu’elle le peut. Darla comprend ce que je ressens, même si Cordy ne le comprend pas – diable, même si moi je ne le comprends pas. Elle a toujours compris. Elle comprendra toujours. Et peu importe à quel point elle veut en finir avec moi, elle ne sera jamais capable de supporter voir que je tiens à quelqu’un d’autre.
A cause de ça, même ce petit moment d’intimité met Cordy en danger. Alors comment puis-je être aussi irresponsable que de me laisser même songer à --