Fic traduite, elle ne m’appartient pas...La Série du Prisme
La lumière se divise en un arc-en-ciel, les couleurs de l'amour et de la perte fusionnent brièvement avant de se disperser à nouveau... Les pensées d'Angel et Cordélia, durant une année de naissance, de mort et de changement.
Titre: Gris
Auteur: Dazzle
Traductrice: Aurélie (a.a.k)
Estimations: PG-13
Spoilers: Dans les environs de l’épisode de la saison trois d’Ats "Dans la peau d’Angel"
Sommaire: Angel revient de Sunnydale à Los Angeles et essaye de comprendre ce qui s’est passé entre lui et Buffy – et les forces nombreuses qui le ramènent à la maison. Deuxième dans la Série du Prisme, qui suit le développement des sentiments de Cordy et Angel durant la saison trois.
Le symbolisme du gris: sûreté, maturité, vieil âge, tristesse
***
"Si jamais tu as besoin de moi --"
Je le dis parce que c’est vrai, parce que je le pense. Mais alors que les mots quittent ma bouche, je réalise à quoi ça doit ressembler, là et maintenant.
Buffy me fixe dans le crépuscule, son visage blême et immobile. Pendant un moment, je crois presque que c’est elle la morte. Qu’elle est toujours morte.
"Je t’ai dit de quoi j’ai besoin," dit-elle, sa voix tremblant avec effort pour garder le contrôle. Et plus horrible que tout ce qui c’est passé avant, est la réalisation qu’encore maintenant, alors que je me dirige vers ma voiture, elle espère toujours que je change d’avis.
Ou peut-être que c’est ma propre réalisation que ça n’arrivera pas.
"Je ne peux pas," dis-je. "Je souhaiterais pouvoir, Buffy. Mais je ne peux pas."
C’est maintenant qu’elle devrait commencer à me crier dessus, ou faire une plaisanterie pour essayer de prouver qu’elle s’en fiche, ou même pleurer – ça fait mal de réaliser à quel point je sais à quoi ressemble son visage quand elle pleure.
Mais elle ne le fait pas. Sa tête se baisse légèrement. Je vois quelque chose que je n’avais encore jamais vu, ni voulu voir: Buffy qui accepte la défaite.
Ici se tiennent deux amants maudits, se disant leurs derniers adieux sans baisers passionnés ni promesses de dévotion. A la place, nous sommes des personnes mal à l’aise, abattues, qui se tiennent dans un parking, illuminés seulement par l’argenté pâle des lampadaires et un néon d’hôtel. Mes mains sont pliées devant moi, me protégeant (d’elle, de Buffy), et l’un de mes poings serrent les clés de voiture si fort que les bords en métal coupent ma main.
"Donc," dit-elle avec un haussement d’épaule alors qu’elle tourne les talons, "C’était chouette de te revoir. Si le monde commence à finir, tiens-moi au courant."
Pas comme ça. "Buffy, je suis désolé."
Elle ne se retourne pas. "Tu es toujours désolé."
Et je regarde Buffy monter dans sa voiture et s’en aller. Je regarde les feux arrières disparaître sur la route; ils se brouillent en même temps que ma vue, et je réalise que je suis en train de pleurer. M’effondrant dans un parking de gravier, comme un ivrogne particulièrement pathétique.
On croirait que c’est elle qui a dit non.
Je me glisse dans la Plymouth et démarre le moteur. Il est temps que je commence à rouler dans la direction opposée.
Alors que j’essuie mes joues avec l’arrière de ma main, je peux sentir que mes lèvres sont toujours boursouflées. Les petites coupures ont cicatrisé – les entailles de ses dents et des miennes quand nous nous embrassions. On se dévorait, comme s’il n’y avait pas de malédiction, pas d’années entre nous; comment est-ce que ça a pu être juste hier ?
Mais hier était différent. Hier était le jour où elle est revenue des morts dans mes bras. Et elle était aussi belle que je m’en souvenais, et elle avait besoin de parler de sa mort, du paradis, de son questionnement sur quelle était sa place dans le monde maintenant. Et tout ce que je devais faire, c’était la tenir dans mes bras et écouter. On a passé la nuit enveloppés dans l’étreinte de l’autre, confinés dans l’ombre et nos cauchemars partagés. Et j’étais un tel idiot que je m’étais dit que rien n’avait changé. Que rien ne pourrait jamais changer pour nous, pas vraiment.
Aujourd’hui, on a dormi, côte à côté, en paix. Mais dans l’après-midi, elle s’est réveillée, et elle a dit la dernière chose à laquelle je pensais.
"Angel – reviens avec moi."
Ca, tout seul, n’a pas déclencher d’alarme. "Je peux revenir jusque Sunnydale avec toi," ais-je dit, calculant mentalement le temps que je pourrais passer là-bas avant qu’on ait besoin de moi à L.A. "Peut-être rester quelques semaines. Je pourrais patrouiller avec toi et on pourrait juste – être ensemble. Ca aiderait?"
"Ce n’est pas ce que j’ai voulu dire," a dit Buffy. Elle a sourit avec hésitation. "Je veux dire, reviens à Sunnydale. Pour de bon."
"Ca ne marchera pas," ais-je dit automatiquement. J’ai eu cette conversation avec moi-même assez de fois pour connaître mes répliques par coeur. "On a déjà pris ce chemin, Buffy. Je ne te ferais plus endurer ça."
Elle a ri, et c’était un son différent de tout ce que j’avais jamais entendu de sa part. Comme un verre qui se brise. "Tu crois que c’est une chose aussi horrible à endurer? Moi pas. Plus maintenant. Pas comparé à --" Buffy a secoué la tête. Après un moment, elle a dit, "Angel, le sexe – ça serait agréable, bien sûr, pourvoir juste – être dans ta peau. Ne pas devoir penser ou sentir. Mais c’est juste une fuite. Juste des corps. Ce que nous avions – c’est de ça que j’ai besoin."
Peut-être que c’est le fait qu’elle ait utilisé le passé -- "avions." Peut-être que c’est la façon dont elle avait dit "juste des corps" – J’ai pensé à notre seule nuit ensemble plus de fois que je ne peux les compter, et je n’y ai jamais pensé comme à quelque chose de purement physique. Quoi que c’était, je n’étais pas touché parce qu’elle avait dit. J’étais – mal à l’aise.
Buffy n’avait pas remarqué. Elle ne me regardait pas; elle regardait à travers moi, s’accrochant à mon bras avec toute sa force considérable. Je pouvais sentir ses ongles s’enfoncer dans ma chair. "Tu peux revenir avec moi, et, et – tu pourras vivre à la maison. La chambre de maman – enfin, elle est vide maintenant, mais tu pourrais y rester." Sa voix crépitait encore et encore, vide de toute pensée, vide de toute émotion sauf du besoin âpre. "On pourra aller patrouiller, et tu pourras m’aider à veiller sur Dawnie, et ça sera comme autrefois. Mais en mieux, parce qu’on ne devra pas se cacher, et le – le reste n’aura pas d’importance. Et je n’aurai plus à avoir peur, parce que tu seras avec moi."
"Buffy," ais-je dit, l’interrompant avant qu’elle n’ait pu en dire plus. "Ce qui te fait peur – je ne peux pas te protéger de ça. Personne ne peut."
Elle a secoué la tête. "Tu peux, Angel, je sais que tu peux --"
"Ce dont tu as besoin maintenant – ce n’est pas quelque chose que je peux te donner." Si seulement ça l’était. Je lui dois au moins ça; ne pensez pas que je ne m’en souviens pas. A mon point le plus bas, c’est Buffy qui m’a inspiré à remonter la pente. Mais ce qu’elle traverse – c’est différent. Je souhaiterais que ça ne le soit pas, mais ça l’est. "Ce dont tu as besoin doit venir de toi."
Et ç’a été la première fois que ses yeux se sont remplis de larmes. "Ca n’est pas en moi. Ce n’est plus là."
Je ne peux plus supporter d’y penser – pas tout de suite. Je me force à me concentrer sur la route alors que j’arrive sur la 5ème Sud, déjà bondée de trafic qui va ralentir au pas une fois que j’aurais atteint la maison.
La maison. L.A. est la maison maintenant. Je ne sais pas quand c’est arrivé, et je m’en fiche. Tout ce que je sais c’est que c’est bon de retourner là-bas, même si ça fait mal d’avoir laissé Buffy derrière. Quand je serais rentré à la maison, je pourrais manger et aller dans ma chambre, mes affaires. Si Cordy est là, peut-être qu’on pourra parler; si elle n’est pas là, je l’appellerais. Elle comprendra pourquoi j’ai fait ça. Je me sentirais mieux quand j’en aurais parlé avec quelqu’un qui comprend.