Fic traduite, elle n’est pas à moi.La Série du Prisme
La lumière se divise en un arc-en-ciel, les couleurs de l'amour et de la perte fusionnent brièvement avant de se disperser à nouveau... Les pensées d'Angel et Cordélia, durant une année de naissance, de mort et de changement.
Titre: Jaune
Auteur: Dazzle
Traductrice: Aurélie (a.a.k)
Estimation: PG-13
Spoilers: Après l’épisode de la saison trois d’Ats “A coeur perdu”.
Sommaire: Lors du retour d’Angel de l’Est, Cordélia se retrouve confrontée – et à chasser – à beaucoup d’émotions enfuies. Première dans la Série du Prisme, qui suit le développement des sentiments de Cordy et Angel durant la saison trois.
Le symbolisme du jaune: Joie, optimisme, idéalisme, imagination, espoir, lumière du soleil, été, jalousie, maladie.
Jaune
***
Je passe la porte en sautillant comme si j’avais passé une bonne journée, ce qui n’est pas vraiment vrai, à moins qu’une "bonne journée" inclue d’être poursuivie dans le métro par un vampire fou de chagrin.
D’un autre côté, il ne m’a pas attrapée, donc peut-être que c’en est une.
J’ai à peine fermé la porte que Dennis diminue les lampes, allume des bougies et fait couler les robinets dans la salle de bain. Je ri. "Je vais bien mieux aujourd’hui," expliquais-je. "Pas de vision pour déchirer le dessus de mon crâne. Pas de clients non payants à appeler et harceler. Et seulement un seul méchant à tuer, mais Angel s’en est occupé."
Angel. Je peux sentir mes lèvres se courber en un sourire autour de son nom. Oh, mon Dieu, c’est tellement bon de l’avoir à la maison. La maison – ce mot ne semble toujours pas s’appliquer à Los Angeles, parfois. Et autant que j’aime mon endroit, ça semble vraiment plus être l’appartement de Dennis, pour dire la vérité. (Il faut voir la vérité en face; il est resté en place après quatre décennies et un cas sérieux de mort. Ce type ne rompra pas le bail de sitôt.) Mais Angel entre par la porte -- ok, la porte du sous-sol – et soudainement tout ressemble à la maison. L’Hypérion, mon appartement, Los Angeles, et peut-être à peu près tous les endroits du monde.
Ok, c’est une pensée bizarre.
Dennis passe le loofa par la porte de la salle de bain en ce que je sais être une question. L’eau de la baignoire coule toujours, c’est probablement sa façon de faire remarquer que, indépendamment du fait que ma journée ait été super ou nulle, je dois quand même me laver. "Tu marques un point," Je soupire alors que j’ôte mes chaussures d’un coup pied. "J’ai sûrement un mauvais cas de bactéries de métro."
Quand je laisse tomber mon sac sur la chaise, je me souviens du cadeau d’Angel, et je dois le sortir pour le regarder une nouvelle fois. Pourquoi est-ce que les hommes plus normaux n’ont pas ce genre de goût? Le collier qu’il a ramené du Sri Lanka est sublime – des teintes de terre, donc il est naturel et discret, mais il a une sorte de richesse. Il brille doré dans la lumière des bougies, et il semble lourd contre ma paume.
Huh. Je n’ai jamais eu de petit ami qui m’ait donné quoi que ce soit d’aussi bien. Dommage que le seul type qui sait lire mes pensées ne soit qu’un ami.
J’ôte la pince de mes cheveux et passe mes doigts dedans, les ébourrifant. Angel n’a rien dit sur la nouvelle coiffure. Huh. Je parie que je pourrais teindre mes cheveux en mauve sans qu’il ne dise rien. Ca vaudrait peut-être la peine juste pour voir ce qu’il ferait. J’enlève mes vêtements, les lançant en l’air pour voir dans combien de directions différentes Dennis peut les rattraper. (Toutes, bien entendu) Donc, au moment où j’entre dans le bain, je n’ai plus à m’occuper que d’une baignoire remplie de bulles à l’odeur de tournesol et quelques bougies. "Parfait," soufflais-je. "Tout juste parfait."
Je jette un oeil au miroir rempli de buée, prête à apprécier les dommages du jour. Mais, à ma grande surprise, un jour de chasse au vampire n’a pas eu les effets habituels. Pas d’ombres sous les yeux. Pas de joues creusées par l’épuisement.
A la place je me vois d’une façon dont je ne me suis pas vue depuis trop longtemps. J’ai l’air bien. Superbe, en fait. Jeune et bronzée et radiante de vitalité. L’air que j’avais l’habitude d’avoir que je revenais d’une soirée à la plage, ou d’une réunion d’encouragement, ou même d’un rendez-vous avec Alex, avant qu’il ne revienne à ses manières de ringards. Franchement rougissante. J’ai un sourire très stupide sur le visage, et je suis heureuse que Dennis soit le seul qui puisse le voir.
Je ne suis pas malade, je pense. Pas même un tout petit peu. Vous voyez? Je suis une telle hypocondriaque. Pire que ma mère, même. M’imaginer des problèmes qui ne sont pas là – Je veux dire, si j’étais vraiment malade, vraiment en danger à cause des visions, je ne brillerais pas d’éclat là tout de suite. Alors voilà.
L’eau est presque insupportablement chaude – mot clé, "presque." Comme mon colocataire poltergeist amical le sait, elle est comme je l’aime, fumante et brûlante de sorte que je doive plonger mes jambes dedans doucement, puis m’y enfoncer graduellement, grimaçant quand la chaleur clapote contre mon ventre et ma poitrine. Ma peau picote avec l’assaut et je fais une petite note mentale de l’hydrater plus tard. Puis je relâche mon souffle et laisse ma tête rouler contre le coussin jaune en mousse.
Et puis il n’y a rien d’autre que moi, et les bougies, et la chaleur, et des souvenirs d’Angel.
Ok, c’était une pensée encore plus bizarre.
Enfin, peut-être pas aussi bizarre. Je veux dire, vous seriez étonné de ce que le bon collier peut faire à une fille. Pendant une seconde, je me demande si Angel avait l’intention que le collier ait ce genre d’effet – corrompre le cerveau d’une amie plus ou moins saine d’esprit – et puis je repousse cette pensée. Ca semble -- inconfortable. Surtout parce que ça semble aussi fichtrement intéressant.
Mais je ne devrais pas me faire des remontrances à propos de l’occasionnelle démence temporaire. Après tout, Angel mérite assez qu’on ait le béguin pour lui, si vous aimez ce genre bien-musclé, bien-habillé, chevalier-en-armure-de-cuir-noir. Dommage qu’il n’y ait pas que ça. Si Angel n’avait pas des crocs et un malédiction et un coeur mort qui est probablement brisé à jamais par une autre fille – hé bien, il les a. Et je ne me laisse pas l’oublier.
Avant que je sache tout ça, évidemment, les choses étaient différentes. Au lycée, je mourrais d’envie de le faire mien -- ou, si ce n’était pas possible, le surprendre un peu saoul ou un peu fâché contre Buffy et faire du pelotage méga fautif sur le siège arrière de ma voiture. J’avais un super gros fantasme là-dessus – l’eau semble un peu plus chaude alors que je m’en rappelle – l’odeur de nouvelle voiture et ma jupe de pom-pom girl montrant mes jambes et les mains d’Angel glissant sous mon pull de Sunnydale-High. Et ça semblait seulement plus doux de penser que Buffy le découvrirait un jour --
Buffy. Oh, mon Dieu.
Mes yeux se ferment alors que la culpabilité me frappe; le chagrin vient plus tard, et j’ai honte de dire qu’il n’est pas aussi fort. Buffy – en tant que personne, je l’appréciais, habituellement. On n’était pas vraiment amies, mais elle venait aussi près que n’importe qui avant qu’Angel et moi ne nous rapprochions. Cependant, Alex et Giles m’avaient assez bien expliqué le marché de la Tueuse au lycée, et j’ai toujours su qu’elle mourrait jeune. Est-ce que ça veut dire que j’étais préparée ? Je ne sais pas.
Mais, mince, j’aurais pu la traiter mieux pendant qu’elle était là. Je n’étais pas obligée de lui dire des trucs méchants juste parce qu’elle était l’amie d’Alex. J’aurais pu aller la voir après la mort de Mme Summers au lieu de lui envoyer une fichue carte que j’ai acheté au centre commercial. Et je n’étais pas obligée de passer la moitié de nos années d’étudiantes à essayer de me faire son vrai amour.
"Je suis désolée," dis-je tout haut. Ma voix résonne légèrement contre les carreaux. Dennis ne fait rien. Il sait que je ne parle à personne présent dans la pièce.
Comment est-ce que je peux encore avoir du mal avec ça alors qu’Angel s’y fait? Il devrait être – je ne sais pas, fou ou quelque chose du genre. Faire son truc Byronic. Déchirer des choses et frapper les murs et offrir son âme aux Puissances pour une autre heure de sa vie. Ca ressemble au comportement d’Angel en pleine crise.
Mais au lieu de ça, il est calme. Il est posé. Il accepte vraiment sa mort. Je dois vous dire, j’aime Angel, mais je n’ai jamais cru qu’il avait ça en lui. Et pourtant nous y sommes, quatre mois après la mort de Buffy, et il semble mieux y faire face que moi.
Je soupire et m’enfonce un peu plus dans l’eau. Je souhaiterais pouvoir penser à Angel à nouveau sans me flétrir avec culpabilité, et puis je suis contente de ne pas le pouvoir.
Et puis il y a un coup sur la porte. Je ne dois même pas me demander qui c’est.
"Une petite minute!" criais-je, sortant rapidement du bain. La mousse abandonnée pétille légèrement dans la baignoire et sur ma peau. Dennis ferme la porte de la salle de bain, ce qui veut dire qu’il va laisser Angel rentrer pour moi. Je m’essuie aussi vite que je peux et enfile mon peignoir; mes cheveux sont humides et tout bouclés à cause de la buée, mais je les relève avec la pince et je sors. Ce n’est pas comme si Angel ne m’avait pas vue pire que comme ça.
Il est assis sur mon divan quand j’entre dans le salon. Angel me sourit quand je m’assieds à côté de lui, mais ça n’atteint pas ses yeux. Je le savais.
"Buffy," dis-je calmement.
Angel hoche la tête, et je prends sa main dans la mienne. Il ne parle pas pendant plusieurs minutes, mais il dit finalement, "Je pensais ce que j’ai dit aujourd’hui. Je vais bien."
"Tu vas tellement bien que tu viens chez moi à 11 heures du soir."
"Je voulais t’en parler," dit-il. "Et c’est pour ça que je sais que je vais bien."
Je n’ai pas vraiment de réponse à ça, donc je serre juste sa main et espère que ça dit tout pour moi.